Le patron de l'OMS lance un appel pour la protection du droit à l'avortement
CINTRES « Restreindre l’accès à l’avortement ne réduit pas le nombre de procédures », rappelle Tedros Adhanom Ghebreyesus
« L’accès à des avortements sûrs sauve des vies. » Alors que la juridiction suprême des Etats-Unis désire remettre en cause le droit à l’avortement, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé ce mercredi un appel en sa faveur.
« Restreindre l’accès à l’avortement ne réduit pas le nombre de procédures – cela mène les femmes et les jeunes filles à avoir recours à des procédures dangereuses », rappelle Tedros Adhanom Ghebreyesus sur son compte Twitter, sans évoquer directement l’affaire qui secoue les Etats-Unis depuis lundi.
Le droit des femmes à choisir
Aux Etats-Unis, le site Politico a provoqué une déflagration politique lundi soir en révélant, sur la base d’une fuite inédite d’un document interne, qu’une majorité des juges de la Cour suprême étaient prêts à enterrer l’arrêt « Roe v. Wade » de 1973, qui protège le droit des Américaines à interrompre leur grossesse.
La Cour suprême a confirmé l’authenticité du texte – un projet d’arrêt daté de février – tout en soulignant qu’il ne représentait pas une décision « finale », attendue avec impatience. Le Dr Tedros a souligné mercredi pour sa part que « les femmes devraient toujours avoir le droit de choisir lorsqu’il s’agit de leur corps et de leur santé ».
25 millions d’avortements dangereux par an
L’OMS a publié début mars de nouvelles lignes directrices sur les soins liés à l’avortement, dans le but de protéger la santé des femmes et des filles et de contribuer à prévenir plus de 25 millions d’avortements non sécurisés qui se produisent actuellement chaque année dans le monde.
Ces lignes directrices rassemblent plus de 50 recommandations portant sur la pratique clinique, la prestation de services de santé et les interventions juridiques et politiques visant à favoriser la fourniture de soins liés à l’avortement qui soient de qualité. Selon l’OMS, les avortements non sécurisés sont à l’origine d’environ 39.000 décès chaque année dans le monde et entraînent l’hospitalisation de millions de femmes supplémentaires en raison de complications.
Plus de morts dans les pays restrictifs
La plupart de ces décès sont concentrés dans les pays à revenu faible – plus de 60 % en Afrique et 30 % en Asie – et parmi les personnes les plus vulnérables.
Les données montrent que les restrictions en matière d’accès à l’avortement ne permettent pas de réduire le nombre d’avortements, selon l’OMS, qui affirme également sur son site que dans les pays où les restrictions sont les plus sévères, seul un avortement sur quatre est sécurisé, contre près de neuf sur dix dans les pays où la procédure est largement légalisée.