Avec la guerre en Ukraine et le Covid-19, 250 millions nouvelles personnes risquent l’extrême pauvreté

INEGALITE La hausse des prix alimentaires mondiaux va à elle seule plonger 65 millions de personnes dans cette précarité selon l'Oxfam

M.F avec AFP
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es enfants sont vus devant un abri délabré au camp de Dharawan pour personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) près de Sanaa, au Yémen, le 25 mars 2022.
es enfants sont vus devant un abri délabré au camp de Dharawan pour personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) près de Sanaa, au Yémen, le 25 mars 2022. — CHINE NOUVELLE/SIPA

Entre la hausse des prix boostée par la guerre en Ukraine, l’épidémie de Covid-19 toujours en cours et les inégalités de croissance, 250 millions nouvelles personnes dans le monde pourraient sombrer dans l’extrême pauvreté cette année. Une hausse massive qui porterait en tout à 860 millions le nombre de personnes vivant avec moins de 1,9 dollar par jour, prévient mardi Oxfam dans un rapport.

« La hausse des prix alimentaires mondiaux à elle seule plongera 65 millions de personnes » dans un tel dénuement, qui s’ajouteront à 198 millions d’individus frappés par la pandémie et des inégalités croissantes, explique l’ONG de lutte contre la pauvreté.

« Les crises mondiales causent la misère »

Alors que la Russie et l’Ukraine sont respectivement premier et cinquième exportateurs mondiaux de blé, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a annoncé vendredi que les prix mondiaux des denrées alimentaires ont atteint en mars leurs plus hauts niveaux jamais enregistrés. « Des crises mondiales multiples causent la misère pour des millions de personnes » et une « réponse herculéenne » est nécessaire, affirme Katy Chakrabortty, une responsable d’Oxfam, qui appelle à des annulations de dette pour les pays à faibles revenus et une taxation des plus riches.

Les gouvernements ont globalement « échoué à augmenter les taxes sur les plus riches », alors que « la fortune des milliardaires a augmenté davantage depuis le début de la pandémie de Covid-19 que pendant les 14 années précédentes », déplore Oxfam.

Famines en Afrique de l’Est et de l’Ouest, au Yémen et en Syrie

Selon le rapport, une série de gouvernements sont sur le point de faire défaut sur leurs dettes et sont contraints de réduire les dépenses publiques pour payer leurs créanciers et importer nourriture et carburant. Les pays les plus pauvres de la planète doivent ainsi payer 43 milliards de dollars de remboursement de dette cette année, ce qui suffirait selon l’ONG à couvrir les coûts de leurs importations alimentaires.

« Des millions de personnes souffrent déjà de sévères famines en Afrique de l’Est et de l’Ouest, au Yemen et en Syrie », poursuit Katy Chakrabortty. « Le nombre de personnes sous-alimentées pourrait atteindre 827 millions cette année. » « La hausse des prix de la nourriture représente 17 % des dépenses de consommation dans les pays riches, mais jusqu’à 40 % en Afrique subsaharienne », rappelle Oxfam. Mais « même au sein des économies riches, l’inflation amplifie les inégalités. »