Massacre de Boutcha : Trois choses à savoir sur les centaines de cadavres de civils découverts dans cette ville d'Ukraine, près de Kiev
CRIMES DE GUERRE ? Après le départ des troupes russes, plusieurs centaines de civils morts ont été retrouvés dans les rues de Boutcha, ville d'Ukraine située en périphérie de Kiev
- Des centaines de corps de civils ont été retrouvées dans les rues de la ville de Boutcha dans la région de Kiev, après le départ des troupes russes.
- L’Ukraine et une partie des Occidentaux accusent la Russie d’avoir commis des crimes de guerre, voire un génocide, à l’encontre de la population. Bien que la Russie démente cette information, l’ONU et l’Union européenne sont déterminées à mener une enquête approfondie sur ces possibles exactions commises par l’armée russe.
- 20 Minutes fait le point pour vous sur ce que l’Occident dénonce comme de potentiels « crimes de guerre ».
A Boutcha, après des semaines de siège et de frappes russes, le départ des troupes de Vladimir Poutine et la libération de la ville auraient dû laisser place à des scènes de liesse. Mais après le retrait de Moscou, Boutcha n’a été que le théâtre des larmes et de la désolation de la population alors que des centaines de corps de civils étaient retrouvées dans les rues de la ville. 20 Minutes fait le point pour vous sur ce que l’on appelle désormais le « massacre de Boutcha ».
Que s’est-il passé à Boutcha ?
Tout commence samedi. Alors que Boutcha était occupée depuis le 27 février et inaccessible pendant près d’un mois, les journalistes pénètrent dans la commune. Rapidement, un journaliste de l’AFP rapporte ce qu’il voit dans les rues : une vingtaine de personnes portant des vêtements de civils, certains avec les yeux ouverts face au ciel gris, d’autres le visage contre le goudron, jonchent les rues de la ville située au nord-ouest de Kiev. D’autres sont retrouvés dans des cours d’immeubles ou des cages d’escalier, comme le montrent les images envoyées par les photographes aux agences Sipa et AFP.
Ces civils sont-ils victimes collatérales de bombardements russes ? Cette version immédiatement écartée par le maire de la ville Anatoly Fedorouk. « Toutes ces personnes ont été abattues, tuées, d’une balle à l’arrière de la tête », assure-t-il, ajoutant que les victimes sont « des hommes et des femmes de tous âges ». Certains cadavres ont les mains liées dans le dos.
Parmi les victimes se trouve le photographe et documentariste ukrainien chevronné, Maks Levine, dont on était sans nouvelles depuis trois semaines. Selon les autorités ukrainiennes, il a été victime de tirs de soldats russes. En tout samedi, le maire de la ville faisait état de 280 personnes ayant dû être enterrées « dans des fosses communes ». A lendemain de cette découverte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est même allé plus loin accusant la Russie de commettre un « génocide » en Ukraine pour éliminer « toute la nation ».
Quelles ont été les réactions à l’international ?
Rapidement, l’information de ces possibles exactions fait le tour du monde, notamment sur les réseaux via le hashtag #BuchaMassacre. Les Occidentaux ne tardent pas à réagir. Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a lui dénoncé des meurtres « horribles ». Sur Twitter le président du Conseil européen, Charles Michel se dit « choqué par les images obsédantes des atrocités commises par l’armée russe dans la région libérée de Kiev ». Il assure que « l’UE aide l’Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales ».
Il est essentiel qu’une enquête indépendante permette de faire rendre des comptes », ajoute de son côté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres
En France, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian assure avoir « pris connaissance des informations faisant état d’exactions massives commises par les forces russes dans des villes ukrainiennes qu’elles occupaient ces dernières semaines, en particulier dans la localité de Boutcha ». « Je condamne avec la plus grande fermeté de tels actes constitutifs, s’ils sont confirmés, de crimes de guerre », ajoute-t-il. Certains pays comme la Pologne, mais aussi l’Espagne sont allées plus loin encore lundi (aussi loin que le président ukrainien) en accusant la Russie de « génocide ».
De son côté, Emmanuel Macron s’est déclaré ce lundi « favorable » à ce que l’Union européenne décide de nouvelles sanctions vis-à-vis de la Russie, en évoquant le pétrole et le charbon. « Ce qui s’est passé à Boutcha impose un nouveau train de sanctions et des mesures très claires », a déclaré le président français sur France Inter. « Donc, nous allons nous coordonner avec nos partenaires européens, en particulier l’Allemagne » dans « les prochains jours. »
Que dit la Russie ?
Alors que le chancelier allemand Olaf Scholz dénonçait des « crimes commis par l’armée russe » et appelait à ce que « les auteurs de ces crimes et leurs commanditaires » rendent des comptes, l’armée russe a immédiatement démenti avoir tué des civils à Boutcha. Le ministère russe de la Défense a assuré que « pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul de ses habitants n’a souffert d’actions violentes ».
Le ministère affirme que les images de cadavres dans les rues de la ville étaient « une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux ». Et pour appuyer cette accusation, la Russie a demandé lundi une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour statuer sur les « provocations haineuses » commises selon elle par l’Ukraine à Boutcha.