Tunisie : le président Kais Saied dissout le Parlement, huit mois après l'avoir suspendu

POLITIQUE Kais Saied a fait cette annonce lors d’une réunion du « Conseil de sécurité nationale » qu’il a présidée

20 Minutes avec AFP
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Cette photo, mise en ligne sur le compte Facebook de la présidence tunisienne le 13 décembre 2021, montre le président Kais Saied dirigeant une réunion ministérielle à Tunis.
Cette photo, mise en ligne sur le compte Facebook de la présidence tunisienne le 13 décembre 2021, montre le président Kais Saied dirigeant une réunion ministérielle à Tunis. — AFP

Le président tunisien Kais Saied a annoncé ce mercredi la dissolution du Parlement, huit mois après l’avoir suspendu pour s’arroger les pleins pouvoirs en juillet 2021.

Kais Saied a fait cette annonce lors d’une réunion du « Conseil de sécurité nationale » qu’il a présidée, quelques heures après que des députés ont bravé la suspension du Parlement en organisant une séance virtuelle, au cours de laquelle ils ont voté pour annuler les mesures exceptionnelles décidées depuis par le président.

« J’annonce aujourd’hui en ce moment historique la dissolution de l’Assemblée des représentants du peuple pour préserver l’Etat et ses institution et pour préserver le peuple tunisien », a déclaré Kais Saied dans une vidéo diffusée par la présidence.

Pleins pouvoir fin septembre

Après des mois de blocage politique, le président, élu fin 2019, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement dominée par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire.

Le 22 septembre, le chef de l’Etat a officialisé ses pleins pouvoirs par des « mesures exceptionnelles » qui prolongent la suspension du Parlement. Elles lui permettent aussi de légiférer par décret, de présider le Conseil des ministres et d’amender les lois.

« Tentative de coup d’Etat »

A l’appel du Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), une instance qui regroupe la présidence du Parlement et des représentants des partis y siégeant, 120 députés (sur un total de 217) ont participé à cette plénière en ligne, présidée par Tarek Fertiti, vice-président du Parlement, un indépendant.

Cent-seize députés ont voté en faveur d’un projet de loi visant à annuler les mesures exceptionnelles prises par Kais Saied, qui bloquent, selon eux, le processus démocratique et instaurent le pouvoir d’un seul homme dans le pays berceau du Printemps arabe. Les députés, dont des élus d’Ennahdha et des indépendants, ont appelé en outre à l’organisation d’élections législatives et présidentielle anticipées pour sortir de la crise politique et socio-économique.

Dans son allocution annonçant la dissolution du Parlement, Kais Saied a qualifié la réunion des députés de « tentative de coup d'Etat, qui a échoué ». Il a accusé les participants de « comploter contre la sécurité de l’Etat » et demandé à la ministre d’engager des poursuites à leur encontre. « Nos forces de sécurité militaires et civiles feront face selon la loi à tout recours à la violence », a-t-il averti.