Procès du meurtre d’Ahmaud Arbery : « Une situation de vie ou de mort »… L’un des accusés plaide la légitime défense

COMPTE RENDU Travis McMichael a assuré que le joggeur avait tenté de se saisir de son fusil et qu'il avait été contraint de tirer

P.B.
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Travis McMichael, jugé pour le meurtre d'Ahmaud Arbery, a témoigné à la barre, plaidant la légitime défense, le 17 novembre 2021.
Travis McMichael, jugé pour le meurtre d'Ahmaud Arbery, a témoigné à la barre, plaidant la légitime défense, le 17 novembre 2021. — Stephen B. Morton/AP/SIPA

Les accusés de meurtre témoignent rarement. Mais comme le jeune Kyle Rittenhouse à Kenosha, Travis McMichael, l’un des trois hommes blancs jugés pour le meurtre du joggeur afro-américain Ahmaud Arbery, en Géorgie, a voulu « donner [sa] version » à la barre. Mercredi, il a assuré aux jurés que lui, son père et un voisin avaient poursuivi, armés, la victime, qu’ils soupçonnaient d’être l’auteur de cambriolages, pour procéder à une arrestation citoyenne. Il plaide la légitime défense, affirmant qu’Ahmaud Arbery a tenté de lui prendre son fusil : « Je lui ai tiré dessus. C’était une situation de vie ou de mort. »


Travis McMichael a témoigné qu’il avait vu « un homme noir » rentrer dans une maison voisine en construction début février 2020, et que ce dernier, après l’avoir vu, avait « attrapé » sa ceinture « comme s’il était armé ». Il appelle alors la police, affirmant qu’il s’agit peut-être de l’auteur de plusieurs vols dans le voisinage.

Deux semaines plus tard, le 23 février, son père, Gregory McMichael, rentre chez lui agité, indiquant que le même homme est de retour. Le père et le fils sautent alors dans leur pick-up, armés d’un fusil à pompe et d’un pistolet. Un voisin les suit peu après.

Contre-interrogatoire à venir

Travis McMichael assure qu’il voulait « juste demander des explications » à Ahmaud Arbery. Au volant de son véhicule, il dit être venu au niveau du joggeur à basse vitesse et avoir tenté de lui parler : « Il avait l’air très en colère, les dents serrées et n’a pas répondu. »

Deux minutes plus tard, Travis McMichael affirme que le joggeur fait demi-tour, courant vers le véhicule. Il le met alors en joue une première fois. « Mon expérience (comme garde-côte), c’est qu’en sortant une arme, ça dit en général à la personne qu’il vaut mieux reculer », insiste-t-il – un point qui pourrait en faire l’agresseur initial dans l’esprit du jury. Les procureurs pourraient le mettre en difficultés lors du contre-interrogatoire, à peine commencé mercredi et qui devait se poursuivre jeudi.

L’altercation survient peu après. Travis McMichael affirme être descendu de son pick-up car Ahmaud Arbery « fonçait » vers le côté passager, où se trouvait son père. Les images de vidéosurveillances ne permettent pas de voir le moment fatidique de l’altercation. Essuyant une larme, Travis McMichael l’a juré : « Je lui ai tiré dessus. Il a attrapé mon fusil, il m’a frappé, c’était clair que s’il me prenait le fusil à pompe, c’était une situation de vie ou de mort. »