Afghanistan: Deux jours après la prise de Kaboul, les talibans jouent l'apaisement

NOUVEAU MONDE Ils ont notamment déclaré que la burqa n'était pas obligatoire et que leurs adversaires seraient pardonnés

20 Minutes avec AFP
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Afghanistan: Ils ont réussi à fuir les talibans — 20 Minutes
  • Deux jours après avoir pris le contrôle de l’Afghanistan, les talibans ont tenu ce mardi un discours d’apaisement.
  • Pour autant la population reste inquiète des décisions et des contraintes qui pourraient leur être imposés notamment les femmes afghanes.
  • Les talibans lorsqu’ils étaient au pouvoir de 1996 à 2001 avaient imposé une version rigoriste de la loi islamique.

Les talibans jouent l’apaisement. Deux jours à peine après leur prise de pouvoir, les nouveaux maîtres de l'Afghanistan ont assuré que leurs adversaires seraient pardonnés.

« La guerre est terminée (… le leader des talibans) a pardonné tout le monde », a déclaré le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid. « Nous nous engageons à laisser les femmes travailler dans le respect des principes de l’islam », a-t-il aussi affirmé.

La burqa pas obligatoire

Ils avaient auparavant annoncé une « amnistie générale » pour tous les fonctionnaires d’État, appelant chacun à reprendre ses « habitudes de vie en pleine confiance ».

Dans une interview à la chaîne Sky News, Suhail Shaheen, porte-parole du bureau politique des talibans à Doha, a quant à lui assuré que le port de la burqa, un voile intégral, ne serait pas obligatoire pour les femmes car « il existe différents types de voile ».

La vie reprend son cours

A Kaboul, la capitale afghane, des magasins ont rouvert. Mais des signes montraient que la vie ne serait plus celle d’hier. Les hommes ont troqué leurs vêtements occidentaux pour le shalwar kameez, l’habitude traditionnelle afghane, et la télévision d’État diffuse désormais essentiellement des programmes islamiques.

Les écoles et universités de la capitale restent fermées, et peu de femmes osaient se risquer dehors, même si quelques-unes se sont réunies devant l’entrée de la « zone verte » pour demander le droit de retourner et travailler. Des talibans ont tenté en vain de les disperser avant qu’elles se laissent convaincre par des civils de partir.

La peur de l’inconnu

Depuis qu’ils sont entrés dans la ville dimanche, après une offensive fulgurante leur ayant permis en dix jours de contrôler pratiquement tout le pays, les talibans ont multiplié les gestes d’apaisement à l’égard de la population.

Mais pour nombre d’Afghans, la confiance sera dure à gagner. Du temps où ils étaient au pouvoir (1996-2001), les talibans avaient imposé une version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes ne pouvaient ni travailler ni étudier, et voleurs et meurtriers encouraient de terribles châtiments.

« Les gens ont peur de l’inconnu », confie un commerçant de Kaboul. « Les talibans patrouillent la ville en petits convois. Ils n’importunent personne, mais bien sûr les gens ont peur ».

Malgré les assurances des talibans, certaines informations semblaient suggérer qu’ils continuaient à rechercher des responsables gouvernementaux. 

Mais pour le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), des crimes et des exécutions en guise de représailles ont été commis dans le pays, qui pourraient relever de violations du droit international humanitaire.