Tchad : Le bilan des manifestations contre la junte monte à au moins cinq morts

REPRESSION Pour calmer les opposants, le général Mahamat Idriss Déby a promis une nouvelle fois d’organiser « un dialogue national inclusif » durant une période de transition de 18 mois

20 Minutes avec AFP
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Tchad : Au moins cinq morts lors de manifestations contre la junte — 20 Minutes

Une semaine après la mort du président Idriss Déby Itno, la situation est particulièrement instable au Tchad. Au moins cinq personnes ont été tuées mardi dans des manifestations sporadiques à N'Djamena et dans le Sud du pays contre la junte qui a pris le pouvoir.

« On dénombre au total quatre morts à N'Djamena », dont une femme « tuée par les manifestants », a indiqué Youssouf Tom, procureur de la capitale. Plus tôt dans la journée, son homologue à Moundou, la deuxième ville du Tchad, à quelque 400 km au sud de N'Djamena, y avait aussi confirmé la mort d’un manifestant. « Nous n’avons pas encore les circonstances exactes du décès, c’est un jeune de 21 ans », a annoncé Ali Kolla Brahim. Des policiers ont tiré sur ce jeune qui venait de jeter une pierre sur leur voiture, a pour sa part affirmé Ahmat Malloum, haut fonctionnaire responsable des médias d’Etat à Moundou. La Convention tchadienne de défense des droits de l’Homme (CTDDH) annonce, elle, un bilan plus lourd. Selon cette ONG locale, neuf personnes ont été tuées, sept à N'Djamena, deux autres à Moundou.

A la mi-journée, le général Mahamat Idriss Déby avait pourtant tenté de calmer un peu les esprits. Le nouvel homme fort du régime a promis dans un discours télévisé d’organiser « un dialogue national inclusif » durant une période de transition de 18 mois. Le fils du défunt président n’a cependant pas évoqué une seule fois les manifestations dans cette déclaration.

Dans les pas de son père

Comme le faisait systématiquement son père le maréchal Déby, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant trois décennies, Mahamat Idriss Déby, qui a pris la tête d’un Conseil militaire de Transition (CMT), avait interdit les manifestations de mardi. L’opposition et la société civile qui dénoncent un «coup d'Etat institutionnel » et une « succession dynastique » au pouvoir avaient appelé à ces rassemblements.

A Paris, le président français Emmanuel Macron a « condamné avec la plus grande fermeté la répression » et appelé à « une transition pacifique, démocratique et inclusive ». Il est le seul chef d’Etat occidental à avoir assisté aux obsèques d’Idriss Déby Itno. La France considère en effet le Tchad comme son principal allié militaire dans la lutte contre les djihadistes au Sahel. « Le Tchad continuera à tenir son rang et à assumer ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme et respectera tous ses engagements internationaux », a tenté de rassurer mardi le nouvel homme fort de N'Djamena.