Suisse : Une votation ce dimanche pour l’interdiction du niqab
SCRUTIN•Deux autres questions sont aussi soumises au vote des Suisses et Suissesses20 Minutes avec AFP
Les Suisses doivent décider ce dimanche d’adopter ou non l’interdiction de se dissimuler le visage, une mesure qui vise les rares femmes qui portent le niqab dans le pays alpin. Si le oui devait l’emporter, la Suisse rejoindrait la France, l’Autriche, la Bulgarie, la Belgique et le Danemark en bannissant le voile intégral. Si le texte n’évoque directement ni la burqa – une sorte de longue pièce de tissu qui couvre les femmes de la tête aux pieds et munie d’une fente grillagée à hauteur des yeux – ni le niqab, qui couvre entièrement le corps et le visage à l’exception des yeux, les votants peuvent facilement identifier les tenues visées.
Si le oui devait l’emporter, il sera alors interdit de se couvrir complètement le visage en public, mais des exceptions sont prévues pour les lieux de culte par exemple. « En plus d’être inutile, ce texte est raciste et sexiste. Nous pensons qu’en 2021, en tant que féministes, il n’est pas acceptable que la Constitution suisse ait un article qui prescrive ou interdise une tenue aux femmes quelle qu’elle soit », a déclaré Ines El Shikh, porte-parole du collectif de féministes musulmanes « Les foulards violets ».
Défendre « les valeurs de notre civilisation »
« La cible de l’initiative, ce ne sont pas les musulmans, nous ne remettons pas en cause leurs pratiques religieuses », affirme Jean-Luc Addor, le porte-parole du oui et membre du parti d’extrême droite UDC. Pour lui, il s’agit de défendre « les valeurs de notre civilisation ». Le camp du oui reste en tête mais son avance initialement confortable dans les sondages a fondu depuis janvier.
Le gouvernement fédéral et le parlement s’opposent à cette mesure en arguant que l’initiative s’attaque à un problème qui n’existe pas. Leur contre-proposition – qui serait immédiatement adoptée en cas d’échec du oui – obligerait les gens à montrer leur visage à partir du moment où les autorités l’exigent à fin d’identification, aux frontières par exemple. Des amendes allant jusqu’à 10.000 francs suisses (un peu plus de 9.000 euros) peuvent être infligées aux contrevenants.
Une question sur un accord commercial
La population doit par ailleurs se prononcer sur deux autres sujets dont, pour la première fois, un accord commercial, en l’occurrence avec l’Indonésie. C’est l’huile de palme – à la réputation écologique sulfureuse – qui focalise le débat. Cet accord prévoit notamment l’abolition des droits de douane sur une grande partie des produits échangés. Les opposants fustigent la déforestation, les violations des droits humains et de l’environnement mais aussi les critères de certification de l’huile de palme eux-mêmes, que contient l’accord. Un sondage en février donnait un net avantage à l’adoption du texte (à 52 % contre 42 %).
Le dernier référendum porte sur l’adoption d’une identité électronique approuvée par l’Etat fédéral qui permettrait de faciliter et sécuriser de nombreuses démarches en ligne. Elle serait octroyée sur une base volontaire auprès d’une entreprise agréée par l’Etat fédéral. Et c’est là que le bât blesse pour les opposants qui s’inquiètent de livrer à des entreprises privées l’accès à des informations sensibles. Les résultats sont attendus dans l’après-midi, les bureaux de vote fermant tous à 12h00. La grande majorité des Suisses votent à l’avance.