Meurtre d’une journaliste à Malte : L’un des trois accusés condamné à 15 ans de prison

PROCES Les trois accusés, les frères Alfred Degiorgio et George Degiorgio, et Vincent Muscat, tous quinquagénaires, ont été arrêtés le 4 décembre 2017

Manon Aublanc
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Malte: Les trois suspects du meurtre de la journaliste Daphne Caruana Galizia formellement inculpés (Archives)
Malte: Les trois suspects du meurtre de la journaliste Daphne Caruana Galizia formellement inculpés (Archives) — Jonathan Borg/AP/SIPA

Un des trois hommes accusés du meurtre de la journaliste maltaise anticorruption, Daphne Caruana Galizia, retrouvée morte en octobre 2017, a plaidé coupable et a été condamné à 15 ans de prison, ce mardi, la première condamnation dans ce sordide dossier qui avait choqué Malte et le reste du monde.

« Vincent Muscat, que plaidez-vous à l’égard des accusations ? » a demandé le greffier du tribunal de La Valette. « Coupable », a répondu l’accusé.

Retournement de situation

Le 16 octobre 2017, la journaliste blogueuse Daphne Caruana Galizia, qui enquêtait sur la corruption au plus haut niveau à Malte, est tuée par une bombe placée dans sa voiture. Trois hommes au casier judiciaire déjà chargé​ – les frères Alfred et George Degiorgio ainsi que Vincent Muscat – sont inculpés le lendemain, soupçonnés de participation à une organisation criminelle et d’avoir fabriqué la bombe. Ils plaidaient non coupables depuis lors, jusqu’au retournement de situation de mardi lorsque Vincent Muscat a décidé de plaider coupable. « Ce sont de graves accusations, meurtre, conspiration, il risque la réclusion à perpétuité », a lancé la juge Edwina Grima à Marc Sant, l’avocat de Vincent Muscat, mais ce dernier a répété qu’il plaidait coupable.

Il a dans la foulée été condamné à 15 ans de prison, une peine conforme au réquisitoire du ministère public et relativement clémente au regard du Code pénal maltais. Le tribunal a tenu compte du fait que l’accusé avait renoncé à interjeter appel du jugement et qu’il avait coopéré avec la justice. Edwina Grima a précisé que le principal responsable de l’enquête sur le meurtre de la journaliste, l’inspecteur Keith Arnaud, avait assuré que Vincent Muscat collaborait avec la police depuis 2018.

Démissions en cascade

Un quatrième homme lié à cette affaire, Yorgen Fenech, un homme d’affaires propriétaire de la société 17 Black, avait été arrêté en 2019 sur son yacht au large de Malte, alors qu’il tentait de fuir. Il est officiellement considéré comme une personne disposant d’informations sur l’affaire. Certains médias et la famille de la journaliste le présentent comme un possible commanditaire du meurtre mais les audiences concernant les accusations contre lui n’ont pas encore débuté.

L’arrestation de Yorgen Fenech avait en revanche entraîné des démissions en cascade au plus haut niveau politique. Le chef de cabinet du Premier ministre de l’époque, Joseph Muscat (sans aucun lien avec Vincent Muscat), démissionne en novembre 2019 suivi par le ministre du Tourisme, tandis que le ministre de l’Economie se « met en réserve » durant l’enquête. Le Premier ministre annonce alors le 1er décembre qu’il va lui aussi démissionner, et son départ deviendra effectif en janvier 2020.