Turquie : 159 étudiants défendant la cause LGBT interpellés sur un campus d’Istanbul

REPRESSION Les contestataires réclament la libération d’autres étudiants précédemment arrêtés pour avoir accroché un tableau orné d’un symbole LGBT

20 Minutes avec AFP
Une femme arrêtée par la police turc devant l'Université du Bosphore, à Istanbul le 1er février 2021.
Une femme arrêtée par la police turc devant l'Université du Bosphore, à Istanbul le 1er février 2021. — AFP

Les autorités turques ont choisi de se montrer intransigeantes face à une contestation sur le campus de l’Université du Bosphore à Istanbul. Lundi soir, 159 étudiants ont ainsi été interpellés. Leurs torts ? Celui de réclamer la démission d’un recteur nommé par le pouvoir et la libération d’autres étudiants précédemment arrêtés pour avoir accroché un tableau orné d’un symbole associé à la communauté LGBT.

L’arrestation des étudiants a provoqué un tollé chez les partis de l’opposition. Le hashtag « Nous n’allons pas baisser les yeux », en référence à une vidéo des policiers ordonnant aux manifestants de baisser leur regard, a été largement partagé sur les réseaux sociaux.

Erdogan ne veut pas d’une « jeunesse LGBT »

La manifestation et les arrestations qui ont suivi sont survenues quelques heures après une attaque virulente du président turc contre le mouvement LGBT en l’accusant de « vandalisme » et en déclarant que la jeunesse de son parti n’y adhérait pas. « Nous allons mener vers l’avenir non pas une jeunesse LGBT, mais une jeunesse digne de l’histoire glorieuse de cette nation », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’un discours à Ankara destiné aux cadres de son parti islamo-conservateur AKP. « Vous ne faites pas partie de la jeunesse LGBT. Vous n’êtes pas de ces jeunes qui commettent des actes de vandalisme. Au contraire, vous êtes ceux qui réparez les cœurs brisés », a-t-il ajouté.

Le chef de l’Etat a tenu ces propos au surlendemain de l’arrestation de quatre étudiants accusés d’avoir accroché dans leur université un tableau représentant un site sacré de l’islam orné de drapeaux arc-en-ciel, un symbole associé à la communauté LGBT. Les étudiants sont accusés d'« incitation à la haine ». Deux d’entre eux ont été assignés à résidence et deux autres sont encore en détention. Le ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu a par ailleurs provoqué un tollé samedi en déclarant dans un tweet que « quatre détraqués LGBT » avaient été arrêtés.