Présidentielle américaine : Dominion attaque l’avocat Rudy Giuliani en diffamation et réclame 1,3 milliard de dollars
ETATS-UNIS L’entreprise accuse l’avocat de Donald Trump d’avoir mené « une campagne de désinformation » en affirmant qu’elle avait participé à une vaste fraude électorale
Dominion a fini de jouer. Accusée pendant trois mois par Donald Trump et ses soutiens d’avoir contribué à « voler l’élection » du 3 novembre en orchestrant une prétendue fraude, l’entreprise canadienne a attaqué l’avocat Rudy Giuliani en diffamation, lundi. Et lui réclame 1,3 milliard de dommages et intérêts pour avoir nui à sa réputation et mis en danger ses employés.
Dans une plainte déposée lundi au tribunal fédéral de la capitale Washington, Dominion Voting Systems accuse l’ex-maire de New York d’avoir été l’un des principaux propagateurs du « Grand mensonge », théorie complotiste selon laquelle cette société, l’un des principaux fabricants de machines et logiciels pour les élections américaines, aurait truqué le scrutin pour « renverser » des votes destinés au président sortant et les attribuer à son rival démocrate Joe Biden.
Menaces de mort
La plainte de 107 pages cite d’innombrables déclarations de Rudy Giuliani en ce sens : lors de ses apparitions à la télévision, dans son émission sur YouTube, sur Twitter, lors d’une conférence de presse mémorable mi-novembre. Il avait affirmé que la société, fondée au Canada, appartenait à des proches de l’ex-président vénézuélien Hugo Chavez.
Bien que de nombreux tribunaux eurent jugé ces accusations infondées, Rudy Giuliani les avait répétées le jour de l’assaut du Capitole, et jusqu’à ce week-end, souligne la plainte. Surtout, des millions de personnes y ont cru, et y croient toujours. « Suite à cette campagne virale de désinformation, l’entreprise et ses employés ont été pris pour cibles, recevant des menaces d’emprisonnement et des menaces de mort », souligne la plainte, en citant là encore des tweets en ce sens.
Sidney Powell déjà poursuivie
La société affirme aussi que ses contrats avec près d’une trentaine d’Etats et des centaines de comtés américains « sont menacés ». Elle estime qu’elle pourrait y perdre quelque 200 millions de dollars de bénéfices sur les cinq prochaines années.
Giuliani, 76 ans, menacé par ailleurs d’exclusion du barreau new-yorkais, n’a pas immédiatement réagi à la plainte. Dominion avait début janvier déjà attaqué en justice une autre ex-avocate de Donald Trump, Sidney Powell, pour les torts causés par ces théories complotistes, lui réclamant 1,4 milliard de dollars. Giuliani avait affirmé le 22 novembre qu’elle ne travaillait plus pour Donald Trump. Contactée, Dominion n’a pas immédiatement précisé si d’autres attaques en justice étaient prévues.