Coronavirus : Pour l'instant, la crise sanitaire ne profite pas forcément aux partis d’extrême droite européens

URNES Ce sont plutôt les partis au pouvoir qui voient leurs votes ou intentions de vote augmenter, pour le moment, constate une étude

20 Minutes avec AFP
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Les leaders européens d’extrême droite, en Italie, avant les européennes de 2019. (archives)
Les leaders européens d’extrême droite, en Italie, avant les européennes de 2019. (archives) — Minako Sasako/AP/SIPA

La crise sanitaire n’alimente pas nécessairement, à ce stade, le vote national-populiste en Europe alors qu’elle a favorisé une « dynamique de sanction » à l’encontre de Donald Trump aux Etats-Unis, selon une étude publiée ce mercredi par la fondation Jean-Jaurès. En Europe, « l’effet de la crise ne semble pas alimenter pour l’heure de manière uniforme le vote pour les partis nationaux-populistes », affirment les auteurs de cette étude, Gilles Ivaldi, chargé de recherches au Cevipof, et Oscar Mazzoleni, professeur de sciences politiques.

L’étude constate « l’absence d’effet mécanique de la crise sanitaire sur la probabilité de voter pour des forces » comme le Rassemblement national en France ou l’AfD en Allemagne. En Suisse, les auteurs n’observent pas non plus « de tendance à sanctionner » l’UDC dans la coalition au pouvoir. La raison invoquée est « l’effet classique de "drapeau" » qui postule qu’en temps de crise, lorsque la nation est menacée, les dirigeants en place bénéficient d’un soutien public accru, car jugés « plus crédibles, plus compétents » pour combattre le coronavirus.

Exception en Italie

Les inquiétudes sur les conséquences économiques de la crise sanitaire sont certes « particulièrement fortes » en Italie et en France, pays sévèrement affectés par la pandémie, et « plus faibles » en Allemagne ou en Suisse, pays dans lesquels l’épidémie paraissait contrôlée au moment de l’étude menée en septembre dans ces quatre pays ainsi qu’aux Etats-Unis. Mais les électeurs les plus inquiets « n’apparaissent pas, pour l’heure, plus enclins à se tourner systématiquement vers des partis » d’extrême droite tels que le RN ou l’AfD.

En revanche, en Italie, l’effet de ces inquiétudes semble « de nature à nourrir le vote en faveur des deux principaux partis » d’opposition nationaux-populistes, la Ligue (extrême droite) et les Fratelli d’Italia (néofasciste). Aux Etats-Unis à l’inverse, l’étude pointe une « dynamique de sanction » avec des inquiétudes économiques qui ont agi cette fois à la baisse sur les intentions de vote en faveur de Donald Trump.

« Les inquiétudes économiques de la pandémie de Covid-19 ont pu constituer un talon d’Achille du national-populisme trumpiste au pouvoir, notamment au sein de l’électorat modéré », notent les auteurs. Pour autant, « face aux difficultés des gouvernements de répondre aux demandes sociales urgentes, les partis de la droite national-populiste, de par leur stratégie anti-establishment et leur discours nationaliste, sont en mesure de capitaliser sur la frustration de l’électorat le plus soucieux de l’évolution socio-économique du pays », préviennent les auteurs.