Californie : L’Etat américain ne peut plus avertir sur le risque cancérigène du Roundup
JUSTICE Un juge a estimé que l’avertissement selon lequel le glyphosate cause le cancer est « trompeur » et de telles affirmations ne sont pas « purement factuelles »
C’est une victoire pour le géant de l’agrochimie Bayer. Un juge américain a interdit à la Californie de placer un avertissement sur les risques de cancer sur le désherbant Roundup. L’affaire, tranchée lundi soir, concernait la « Proposition 65 », une loi californienne adoptée en 1986 qui oblige à étiqueter en conséquence les produits dont le risque cancérigène est reconnu par l’Etat.
L’avertissement est « trompeur », selon le juge
Le Circ (Centre international de recherche sur le cancer), agence de l'OMS, a classé le glyphosate, un composant du Roundup, comme « probablement cancérigène », mais le juge William Shubb a fait valoir que « plusieurs autres organisations », y compris l’Agence américaine de protection de l’environnement et d’autres agences de l’OMS, « ont conclu qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves, ou pas de preuves du tout, montrant que le glyphosate cause le cancer ».
L’avertissement selon lequel le glyphosate cause le cancer est « trompeur », et de telles affirmations ne sont pas « purement factuelles », a déclaré le juge dans une décision de 34 pages. William Shubb avait déjà rendu un jugement préliminaire en ce sens en 2018. Cette fois, il a rejeté les arguments de la Californie et rendu l’interdiction permanente.
De milliers de poursuites en cours
L’Allemand Bayer a acquis l’Américain Monsanto en 2018. Depuis, il fait face à des litiges avec des milliers de plaignants au sujet des risques supposés de cancer liés à l’utilisation de désherbants, tels que le Roundup. En mars, 48.600 poursuites étaient en cours aux Etats-Unis. L’entreprise a subi des pertes importantes en conséquence, mais les juges ont réduit les amendes décidées par les jurys.
William Shubb a d’ailleurs précisé que les jugements rendus contre Bayer n’affectaient pas la question de la « Proposition 65 ». « Les jurys devaient déterminer si les preuves, telles que présentées dans ces cas-là, montraient qu’il était plus probable que le glyphosate ait donné le cancer à ces plaignants que le contraire », a-t-il élaboré. « Ces jurys ont décidé que oui, mais la question sur le potentiel cancérigène du glyphosate est une question séparée ».