Bombe atomique : Emmanuel Macron veut mobiliser les Européens sur la dissuasion nucléaire

DEFENSE Le président de la République, qui est aussi le chef des armées, doit tenir un discours sur le sujet à l’Ecole militaire à Paris

20 Minutes avec AFP
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Emmanuel Macron, le 4 février 2020 à Cracovie (Pologne).
Emmanuel Macron, le 4 février 2020 à Cracovie (Pologne). — Ludovic Marin / AFP

La dissuasion nucléaire au cœur d’un discours d’Emmanuel Macron. Vendredi, le président de la République doit proposer « une offre de dialogue » aux Européens pour que l’UE ne soit pas « spectatrice » face aux Etats-Unis, à la Chine et à la Russie dans un monde de plus en plus instable, a annoncé ce jeudi l’Elysée.

Très attendu par le monde militaire, ce discours d’environ une heure est un exercice imposé pour chaque président français, qui est le chef des armées et le décideur ultime pour le déclenchement du feu nucléaire. Devant 600 personnes réunies à l’Ecole Militaire de Paris, le chef de l’Etat se pliera à la tradition. Seront présents 300 officiers stagiaires de la 27e promotion de l’Ecole de Guerre et des auditeurs du Centre des Hautes Etudes militaires (CHEM). Des attachés militaires de nombreux pays sont également invités : partenaires historiques ou non, la Russie sera présente, comme le Pakistan et Israël, puissances nucléaires connues ou présumées.

Des traités à l’abandon

Emmanuel Macron « va endosser l’héritage de ses prédécesseurs en l’adaptant à l’état du monde d’aujourd’hui », a expliqué l’Elysée. Un monde marqué par la « fin du cycle post-Guerre froide » et par de « nouveaux rapports de force entre puissances nucléaires » dans des zones de friction comme la Syrie, la Libye et la mer de Chine.

Parallèlement, l’architecture de contrôle des armements en Europe se désintègre, avec la dénonciation du traité russo-américain sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), qui interdisait les missiles d’une portée de 500 à 5.500 kilomètres. Washington menace en outre de ne pas reconduire le traité New Start sur les armements stratégiques nucléaires, conclu en 2010, après son expiration en 2021.

La seule à disposer de l’arme atomique

Dans ce contexte, Emmanuel Macron va proposer « une offre de dialogue » et « de service » aux Européens pour affirmer une autonomie européenne « en matière de défense et de maîtrise des armements », a-t-on dit de même source sans plus de précisions. A Varsovie lundi, le président français avait promis de « prendre en compte les intérêts des autres pays européens », à un moment où nombre d’Etats membres de l’Otan, dépendants du parapluie nucléaire américain, s’inquiètent du désengagement des Etats-Unis de la scène multilatérale orchestré par Donald Trump.

La responsabilité de la France est plus grande depuis la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne puisqu’elle est désormais le seul pays de l’UE à disposer de l’arme atomique. Un haut responsable du parti conservateur d’Angela Merkel a plaidé lundi pour que l’UE dispose à l’avenir de sa propre force de dissuasion nucléaire, suggérant une mise en commun de l’arsenal atomique français.

Dans son discours, Emmanuel Macron devrait également proposer « un agenda de désarmement nucléaire », tout en défendant le principe de la possession de l’arme atomique par la France, quelques jours avant le 60e anniversaire du premier essai nucléaire français. En novembre, le pape François avait qualifié de « crime » l’usage de l’atome à des fins militaires et avait démonté la logique de la dissuasion nucléaire, au cours d’une visite à Nagasaki puis Hiroshima, les villes japonaises dévastées par la bombe atomique à la fin de la Seconde Guerre mondiale.