Camion charnier de Londres : Des familles vietnamiennes redoutent la présence de leurs proches parmi les 39 corps
FAITS DIVERS Les familles sont dans l’attente des résultats des prélèvements effectués dimanche à des fins de tests ADN
Plusieurs familles vietnamiennes redoutaient que l’un de leurs proches figure parmi les 39 personnes décédées cette semaine à l’arrière d’un camion frigorifique près de Londres ( Royaume-Uni), Hanoï ayant procédé dimanche à des prélèvements d’échantillons à des fins de tests ADN. D’après des médias locaux, 24 des 39 victimes, retrouvées mercredi dans une zone industrielle à l’est de Londres, pourraient être vietnamiennes, un chiffre qui n’a pas été confirmé par les autorités à ce stade.
« Nous avons commencé à recueillir des échantillons sanguins et de cheveux auprès des familles des victimes supposées », a déclaré une source sécuritaire vietnamienne, ayant requis l’anonymat. Les proches d’un homme porté disparu ont confirmé que des échantillons avaient été prélevés dimanche en début de journée. De leurs côtés, les autorités britanniques ont adressé à Hanoï des éléments pour faciliter l’identification des victimes.
Trafic d’êtres humains
Une messe catholique a été par ailleurs célébrée dimanche à Phu Xuan, une petite localité de la province déshéritée de Nghe An, dans le centre du pays, d’où partent de nombreux candidats à l’émigration vers l’Europe occidentale.
La police britannique avait d’abord pensé que les 31 hommes et huit femmes trouvés dans le camion étaient chinois. Mais plusieurs familles de la province de Nghe An se sont manifestées, expliquant que des proches partis clandestinement pour la Grande-Bretagne ne donnaient plus de nouvelles depuis quelques jours.
En Grande-Bretagne, le chauffeur du camion a été inculpé. Arrêté peu après la découverte du camion mercredi dans une zone industrielle à une trentaine de kilomètres de la capitale britannique, Maurice Robinson, originaire d’Irlande du Nord, est poursuivi pour homicides involontaires, trafic d’êtres humains, aide à l’immigration illégale et blanchiment d’argent, selon la police britannique. Il doit être présenté devant la justice lundi. Un autre Irlandais du Nord a été arrêté à Dublin samedi et trois autres détenus en Grande-Bretagne dans cette affaire ont été libérés sous caution, a indiqué la police dimanche.
Un appel glaçant et mystérieux
Au moins deux familles vietnamiennes ont fait part de leurs craintes que leurs enfants, munis de faux passeports chinois, aient péri dans le camion frigorifique. Nguyen Dinh Gia, le père d’un jeune Vietnamien de 20 ans, a révélé samedi avoir reçu un appel glaçant il y a quelques jours lui annonçant que son fils était mort en tentant de rejoindre le Royaume-Uni.
Un interlocuteur inconnu s’exprimant en Vietnamien lui a dit : « J’implore votre pardon, quelque chose d’inattendu s’est produit ». « Je me suis écroulé en entendant ça » a déclaré Nguyen Dinh Gia. « Il semble que mon fils était dans ce camion. Ils sont tous morts ».
Selon Nguyen Dinh Gia, son fils lui avait fait part il y a deux semaines de son projet de rejoindre la Grande-Bretagne depuis la France, où il vivait illégalement depuis 2018.
Des risques avec des personnes vulnérables
Une autre famille, vivant dans une simple cabane recouverte d’une tôle ondulée à Nghe An, redoute également que leur fille soit parmi les victimes retrouvées dans le camion frigorifique. Pham Thi Tra, 26 ans, avait envoyé un message sur le téléphone de sa mère expliquant qu’elle ne pouvait « plus respirer », qu’elle était « en train de mourir », a raconté son frère.
Les deux familles sont originaires de la même région de Ha Tinh, une partie très pauvre du Vietnam d’où partent nombre de migrants. Ils cherchent souvent à rejoindre la Grande-Bretagne pour travailler dans des bars à ongles ou des fermes illégales de culture de cannabis, dans l’espoir de gagner de l’argent rapidement.
Beaucoup passent par la Russie ou par la Chine, avec de faux papiers, et ce périple peut leur coûter jusqu’à l’équivalent de 36.000 euros, une fortune au Vietnam où le revenu moyen ne dépasse pas 2.000 euros par an, selon la Banque mondiale. « Il est clair que des criminels, car il est bien question de criminels, de meurtriers, prennent de plus en plus de risques avec ces personnes vulnérables », a déclaré samedi l’un des responsables de la police britannique, Martin Pasmore.
Une vingtaine de disparus recherchés
Une association de Vietnamiens vivant en Grande-Bretagne, VietHome, a reçu des photos d’une vingtaine de Vietnamiens disparus depuis la découverte du camion. Dès mercredi l’association dit avoir reçu des messages les informant de la disparition de personnes âgées de 15 à 45 ans.
Le container transportant les migrants était arrivé par ferry au port de Purfleet, dans l’estuaire de la Tamise, en provenance de Zeebruges en Belgique une heure avant que la police se rende sur place, appelée par des secours.