Washington impose 7,5 milliards de dollars de droits de douane aux pays de l'UE
GUERRE COMMERCIALE Ces tarifs douaniers concernent notamment les avions du constructeur Airbus, les vins français ou les whiskys écossais
Avions, vins français, fromages italiens, whiskys écossais : les Etats-Unis ont imposé ce vendredi pour 7,5 milliards de dollars de droits de douane supplémentaires sur un éventail de marchandises en provenance des pays de l’Union européenne, avec en perspective un durcissement des tensions commerciales transatlantiques. Ces tarifs douaniers sont entrés en vigueur à 00h01 heure de Washington (4h01 GMT), quatre jours après le feu vert définitif de l’Organisation mondiale du commerce ( OMC) à Washington d’imposer des sanctions contre l’UE, en représailles aux subventions accordées à l'avionneur européen Airbus.
Ces droits de douane s'élèvent à 10% sur les avions, et à 25% sur des produits alimentaires et textiles d'autres pays de l'Union européenne ainsi que sur des articles industriels allemands. Les produits visés représentent des exportations annuelles d'environ 6,8 milliards d'euros. En 2018, le total des exportations européennes vers les États-Unis s'est élevé à 320 milliards d'euros, selon Eurostat.
La porte ouverte à un accord
Cette nouvelle offensive du président américain Donald Trump survient alors que Washington s’enlise dans une guerre commerciale majeure avec la Chine, qui risque de déstabiliser l’économie mondiale. Mercredi, l’impétueux dirigeant s’en est encore une fois pris aux Européens, qui se comportent selon lui de façon injuste en érigeant des « barrières énormes » contre les importations américaines dans l’UE. Il n’a toutefois pas fermé la porte à un accord entre les deux parties qui permettrait de mettre un terme au conflit.
Dans la ligne de mire des Américains : les avions du constructeur Airbus, fabriqués essentiellement dans les usines du Royaume-Uni, de la France, d’Espagne et d’Allemagne, qui coûteront dorénavant 10 % de plus quand ils seront importés aux Etats-Unis. Mais les vins européens sont également dans le collimateur de Trump, avec une taxe de 25 % sur ces boissons.
« L’UE prête à riposter »
De Washington, où il participe aux réunions annuelles du FMI, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a lancé un avertissement à l’administration Trump juste avant l’entrée en vigueur de ces tarifs. « Ces décisions auraient des conséquences négatives aussi bien du point de vue économique que politique », a-t-il prévenu. « L’UE est prête à riposter ».
Une rencontre entre M. Le Maire et Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce (USTR) et négociateur en chef pour les Etats-Unis, est prévue ce vendredi à Washington.
Depuis longtemps, les Européens plaident pour une négociation plutôt qu’une guerre commerciale. D’autant plus qu’ils seront très probablement eux-mêmes autorisés par l’OMC l’an prochain à imposer des sanctions douanières contre les Etats-Unis pour les punir… d’avoir subventionné Boeing. Ils craignent avant tout que Trump continue sur sa lancée et impose mi-novembre des droits de douane plus élevés sur les voitures européennes. Ce qui affecterait particulièrement le secteur automobile allemand, déjà à la peine, même si Volkswagen ou BMW fabriquent également leurs véhicules aux Etats-Unis.
Politique protectionniste de Trump
Donald Trump se plaint des difficultés américaines pour vendre leurs produits, notamment les voitures, en Europe, alors que les Européens peuvent facilement vendre les leurs sur le territoire américain. Le conflit des deux avionneurs Airbus et Boeing n’est que l’un des nombreux problèmes qui ont alimenté les tensions transatlantiques et qui ont rapidement dégénéré avec l’entrée en fonction de Donald Trump en 2017.
Adoptant une politique résolument protectionniste, le dirigeant américain a déjà imposé des droits de douane plus élevés sur l’acier et l’aluminium en provenance de l’UE et d’autres pays alliés, tout en laissant planer la menace de faire de même avec les voitures. En juillet 2018, Donald Trump et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avaient convenu une sorte de trêve à Washington, promettant de mener des négociations qui n’ont jusqu’ici abouti à rien.