Trump choisit un de ses clubs de golf pour accueillir le G7, les démocrates crient à la «corruption»
ETATS-UNIS Le sommet se déroulera du 10 au 12 juin 2020 au Trump National Doral Club de Miami
Donald Trump l’avait laissé entendre, la Maison Blanche l’a confirmé, provoquant une vague d’indignation : le prochain sommet du G7 aura lieu dans un des clubs de golf du président américain, en Floride. En pleine bataille de l'impeachment, des démocrates ont dénoncé ce choix, y voyant une preuve de la « corruption » du président américain, l’accusant d’exploiter sa position au bénéfice de la Trump Organization.
Le Trump National Doral Club, à Miami, accueillera donc, du 10 au 12 juin 2020, ce grand rendez-vous annuel qui rassemble les dirigeants des sept pays les plus industrialisés de la planète.
« Nous sommes absolument convaincus que c’est le meilleur endroit pour l’organiser », a affirmé jeudi Mick Mulvaney, chef de cabinet de la Maison Blanche, au risque d’alimenter les accusations – déjà nourries – sur les conflits d’intérêts de l’ancien magnat de l’immobilier. L’annonce a suscité de très vives réactions à Washington, parmi les élus comme dans la société civile.
« Les pères fondateurs doivent se retourner dans leur tombe »
Jerry Nadler, président démocrate de la commission judiciaire à la Chambre des représentants s’est dit scandalisé, voyant dans cette décision « un exemple éhonté de la corruption du président ». « Nos pères fondateurs doivent se retourner dans leur tombe », a tonné le sénateur démocrate Richard Blumenthal. « Ce n’est pas simplement un conflit d’intérêts, c’est anticonstitutionnel ».
« C’est à peine croyable », a réagi l’ONG Citizens for Responsibility and Ethics, qui se concentre sur les conflits d’intérêts dans la classe politique américaine. « Il n’y a plus aucun doute : le gouvernement américain est utilisé comme une filiale de relations publiques et de marketing de la Trump Organization. »
Face à l’avalanche de questions suscitées par ce choix, Mick Mulvaney a assuré qu’il était le résultat d’un processus rigoureux et que 12 sites différents avaient été considérés. « Il y aura toujours des gens qui n’accepteront pas l’idée que cela se passe dans une propriété Trump. Nous en sommes conscients, mais nous irons là-bas malgré tout », a-t-il martelé lors d’un point presse.
Choisi parmi 12 sites
Comment cette décision a-t-elle été prise ? « Nous avons utilisé les mêmes critères que ceux utilisés par les précédentes administrations (pour l’organisation de sommets) », a-t-il assuré, sans élaborer.
Est-il prêt, dans un souci de transparence, à rendre publics les documents ayant permis d’aboutir à ce choix ? « Absolument pas. »
N’est-ce pas un moyen éhonté de faire de la publicité pour la marque Trump ? « J’ai déjà entendu ça… Je vous demande simplement de prendre en compte le fait que la marque Donald Trump est déjà suffisamment forte comme ça ». N’y avait-il pas, à travers les Etats-Unis, d’autres lieux susceptibles d’accueillir un tel sommet ? « Ce n’est pas le seul endroit possible, mais c’est le meilleur endroit. »
De son côté, la Trump Organization s’est dite « honorée » d’avoir été choisie par… Donald Trump.
Le changement climatique ne sera pas abordé
Le dernier G7 organisé aux Etats-Unis, en 2012 sous la présidence de Barack Obama, avait eu lieu à Camp David, résidence gouvernementale située dans le Maryland. A l’occasion du dernier sommet du G7, organisé cet été par la France à Biarritz, Donald Trump avait lui-même défendu sans complexe ce scénario inédit. « C’est un endroit formidable ! », avait-il expliqué. « Il a une superficie considérable, plusieurs centaines d’hectares, donc nous pouvons gérer tout événement sur place (…) Il se trouve juste à côté de l’aéroport. » Le président américain avait, à cette occasion, balayé d’un revers de manches les questions juridiques ou éthiques. « Je ne vais pas en tirer d’argent du tout », avait-il assuré. « Je m’en fiche de faire de l’argent. » "
Au-delà du choix de l’hôtel, le chef de cabinet de la Maison Blanche ne s’est pas attardé sur les priorités qui seraient mises en avant par les Etats-Unis lors de cette rencontre. « Le changement climatique ne sera pas au programme », a-t-il simplement lâché, sûr de son fait, en réponse à une question sur ce thème.