VIDEO. Japon: Le typhon Hagibis déferle sur le pays et fait au moins 14 morts

JAPON Des recommandations d’évacuations ont été émises pour 7,3 millions de personnes

Mathias Cena
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Une zone résidentielle inondée après le passage du typhon Hagibis, dans l'arrondissement de Setagaya à Tokyo, le 12 octobre 2019.
Une zone résidentielle inondée après le passage du typhon Hagibis, dans l'arrondissement de Setagaya à Tokyo, le 12 octobre 2019. — Takehito Kobayashi/AP/SIPA

De notre correspondant à Tokyo (Japon),

« Pluies torrentielles » et « vents extrêmement violents » à des « niveaux records ». Depuis des jours, les médias japonais mettent en garde contre l’arrivée sur l’Archipel nippon du typhon Hagibis, sobrement désigné au Japon par son numéro : le 19e de la saison. Le plus violent de l’année et annoncé potentiellement comme le plus dangereux depuis plusieurs décennies. Et la menace n’a pas été surévaluée : dimanche le dernier bilan faisait état d’au moins 14 morts, selon les autorités, et plus d’une douzaine de disparus. Comme si une catastrophe ne suffisait pas, peu après 18h samedi (11h, heure française), un tremblement de terre de magnitude 5,7 a aussi secoué la région de Tokyo, sans déclencher d’alerte au tsunami.

Un cargo a coulé

Parmi les disparus, on comptait huit personnes à bord d’un cargo qui a coulé samedi soir dans la baie de Tokyo. Les garde-côtes ont indiqué avoir sauvé quatre membres d’équipage du navire battant pavillon panaméen mais être toujours à la recherche des autres.

Maisons submergées, glissements de terrain, cours d’eau en furie : la tempête chargée de pluies d’une intensité « sans précédent » a semé la désolation en traversant le centre et l’est du Japon. D’importantes inondations étaient signalées dans la région centrale de Nagano, où une digue a lâché, déversant les eaux de la rivière Chikuma sur une zone résidentielle dont les habitations ont été inondées jusqu’au premier étage.

Les pluies et les vents causés par le typhon, a prévenu l’agence météo, étaient de nature à égaler en intensité l’épisode de 1958, qui avait fait plus de 1.200 morts et disparus sur la péninsule d’Izu, au sud de Tokyo. C’est là que le typhon a touché terre samedi vers 19h, avec des rafales de vent jusqu’à 216 km/h. Rétrogradé d’intensité « très puissante » à « puissante », il est peu à peu remonté vers le nord en direction de l’agglomération de Tokyo, qui concentre plus de 35 millions d’habitants et où l’Agence météo annonçait 50 cm de précipitations en vingt-quatre heures. Le typhon devait ensuite poursuivre sa course vers le nord-est et le département de Fukushima, avant de s’éloigner de l’Archipel vers l’est. En tout, 11 départements en plus de la capitale ont été placés en vigilance par l’Agence météorologique japonaise. Des recommandations d’évacuations ont été émises au total pour 7,3 millions de personnes.

Des préparatifs en cours depuis plusieurs jours

Dès vendredi, un grand nombre d’habitants avaient suivi les recommandations habituelles en prévision des catastrophes naturelles. Dans les habitations et les commerces, les fenêtres ont été barricadées, certains toits recouverts de bâches et les entrées protégées par des sacs de sable. Se préparant à ne pas pouvoir sortir pendant de longues heures, beaucoup ont complété leurs préparatifs en faisant des réserves d’eau et de vivres pouvant être consommés sans cuisson en cas de coupure d’électricité ou de gaz. Vendredi soir, les grandes bouteilles d’eau étaient introuvables dans la plupart des épiceries et supermarchés, et les rayons de nouilles instantanées avaient été nettoyés de leur contenu.

D’habitude ouvertes 24 heures sur 24, certaines des épiceries présentes à chaque coin de rue de la capitale avaient préféré baisser le rideau : 1.000 d’entre elles environ étaient fermées samedi dans la région de Tokyo. Beaucoup de grands magasins, commerces de détail ou salons de coiffure avaient aussi annoncé qu’ils ne rouvriraient que dimanche après-midi, après avoir évalué les éventuels dégâts.

Les habitants achètent des vivres de dernière minute avant le typhon, à Tokyo le 11 octobre 2019.
Les habitants achètent des vivres de dernière minute avant le typhon, à Tokyo le 11 octobre 2019. - M.CENA / 20 MINUTES
Les rayons vides d'une épicerie à Tokyo avant le typhon Hagibis, le 11 octobre 2019.
Les rayons vides d'une épicerie à Tokyo avant le typhon Hagibis, le 11 octobre 2019. - M.CENA / 20 MINUTES

Toute la journée, les chaînes de télévision ont alterné les directs dans diverses gares de Tokyo et de sa région, mais aussi du centre du pays, où le typhon avait déjà causé des inondations. Par précaution, la circulation des trains avait été interrompue. Dès le milieu de journée samedi, les entrées de la gare de Shinjuku, où transitent plus de trois millions de personnes chaque jour, étaient quasiment désertées, hormis par les équipes de télévision. La plupart des lignes de train, Shikansen compris, étaient à l’arrêt. La compagnie Japan Railways ne prévoyait pas de reprise du trafic avant dimanche à midi au plus tôt, après avoir procédé aux vérifications nécessaires sur les voies. L’ensemble des vols au départ et à l’arrivée des deux aéroports desservant la capitale ont été annulés.

Matchs annulés

Le passage du typhon a aussi perturbé le Grand Prix de Formule 1 de Suzuka, dont les qualifications ont dû être reportées à dimanche matin, et le Mondial de rugby, dont deux matchs ont déjà été annulés. Toujours dans l’incertitude pour son match de dimanche face à l’Ecosse, l’équipe du Japon s’est entraînée samedi matin sous des trombes d’eau. World Rugby, organisateur de la Coupe du monde, devait annoncer dimanche matin si la rencontre, prévue à 19h45 (12h45, heure française) aurait lieu comme prévu, une fois inspecté le stade de Yokohama et ses abords après le passage du typhon. Samedi matin, l’organisation a de nouveau appelé les supporters à rester à l’abri chez eux en attendant sa décision.

L'équipe du Japon entraînée par Jamie Joseph à l'entraînement à Tokyo vendredi, deux jours avant le match contre l'Ecosse, menacé par le typhon Hagibis.
L'équipe du Japon entraînée par Jamie Joseph à l'entraînement à Tokyo vendredi, deux jours avant le match contre l'Ecosse, menacé par le typhon Hagibis. - Koji Ito / AP / Sipa

En cas d’annulation, l’équipe du Japon, qui a remporté ses trois premiers matchs de poules, serait qualifiée. Pour assurer leur place en quarts, les Ecossais ont besoin d’une victoire sans bonus, si le Japon n’en obtient pas non plus. Si le Japon obtient le bonus défensif (en perdant de 7 points ou moins), l’Ecosse aura alors besoin de prendre le point de bonus en marquant au moins quatre essais. Misant son avenir dans le Mondial sur ce match, l’Ecosse a fait savoir très clairement qu’elle n’accepterait pas d’être éliminée sans avoir eu une chance de se battre.