Iran-Etats-Unis: Emmanuel Macron et Donald Trump s’appellent sur fond de regain de tensions

DIPLOMATIE Après le drone iranien présumé abattu jeudi, Téhéran a confisqué ce vendredi un pétrolier britannique au grand dam de Washington

C.C. avec AFP
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Donald Trump et Emmanuel Macron ont échangé ce samedi 10 novembre 2018 à l'Elysée, à l'occasion du centenaire de l'Armistice.
Donald Trump et Emmanuel Macron ont échangé ce samedi 10 novembre 2018 à l'Elysée, à l'occasion du centenaire de l'Armistice. — AFP
  • Emmanuel Macron et Donald Trump ont évoqué « les efforts en cours pour s'assurer que l'Iran n'obtienne pas l'arme nucléaire », selon Washington.
  • Ce vendredi, les Gardiens de la révolution ont annoncé avoir « confisqué » un pétrolier britannique, le Stena Impero, dans le détroit d'Ormuz.
  • La « confiscation » du navire a attisé de nouveau la colère américaine. « C'est la seconde fois en un peu plus d'une semaine seulement que le Royaume-Uni est pris pour cible par la surenchère de la violence du régime iranien », a indiqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain,

Le président américain, Donald Trump, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont évoqué vendredi par téléphone le dossier iranien, sur fond de très vives tensions entre les Etats-Unis et la République islamique.

Les deux dirigeants ont évoqué « les efforts en cours pour s'assurer que l'Iran n'obtienne pas l'arme nucléaire », a indiqué la Maison Blanche dans un bref compte rendu de l'échange.

Le pétrolier britannique arraisonné pour « non respect du code maritime international »

Mais la situation restait très tendue depuis la veille, Washington affirmant avoir abattu un drone iranien qui s’approchait de l’un de ses navires dans le détroit d’Ormuz. Téhéran a nié que l’appareil puisse être le sien.

Et ce vendredi, les Gardiens de la révolution ont annoncé avoir « confisqué » un pétrolier britannique, le Stena Impero, dans le détroit d'Ormuz. Le bâtiment a été arraisonné par la force navale iranienne pour « non respect du code maritime international », « à la demande de l'autorité portuaire et maritime de la province de l'Hormozgan », indique un communiqué sur Sepah News, le site Internet des Gardiens de la révolution.

Des représailles à l'interception d'un superpétrolier iranien à Gibraltar

Le propriétaire suédois du pétrolier a confirmé avoir perdu le contact avec ce navire après une « attaque » dans le détroit d'Ormuz. « Notre navire le Stena Impero a été attaqué par de petits bateaux et un hélicoptère non identifiés en transitant par le détroit d'Ormuz dans les eaux internationales », a déclaré la compagnie Stena Bulk dans un communiqué. « Nous sommes actuellement incapables de contacter le navire qui fait route vers le nord en direction de l'Iran », a-t-elle ajouté.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei avait annoncé plus tôt que son pays répondrait « au moment et à l'endroit opportuns » à l'interception le 4 juillet du superpétrolier iranien Grace One par les autorités britanniques au large de Gibraltar. La Cour suprême de Gibraltar a décidé vendredi de prolonger pour trente jours l'immobilisation de ce navire. Gibraltar soupçonne que le Grace One avait l'intention de livrer du pétrole brut à la Syrie, en violation des sanctions européennes contre Damas, ce que nie Téhéran.

Washington dénonce une « surenchère de la violence du régime iranien »

La « confiscation » du pétrolier britannique a attisé de nouveau la colère américaine. « C'est la seconde fois en un peu plus d'une semaine seulement que le Royaume-Uni est pris pour cible par la surenchère de la violence du régime iranien », a indiqué Garett Marquis, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, dans un communiqué.

Donald Trump a assuré de son côté que les Etats-Unis avaient été « informés » des événements dans le Golfe et qu'ils « échangeront » et « travailleront avec le Royaume-Uni » à ce sujet.

Un second navire arraisonné ?

Le président américain a par ailleurs laissé entendre à des journalistes, depuis la Maison Blanche, que Téhéran pourrait avoir arraisonné un second navire. « Il pourrait y en avoir un, il pourrait y en avoir deux », a-t-il déclaré, sans davantage de précision. Selon la chaîne CNN, citant un responsable américain, l'Iran a arraisonné un second pétrolier britannique battant pavillon libérien, le MV Mesdar.

Ce dernier a été relâché dans la foulée, selon son propriétaire. « Les communications ont été rétablies avec le navire. Le commandant a confirmé que les gardes armés l'avaient quitté et que le navire était libre de poursuivre sa route. Tous les membres de l'équipage sont sains et saufs », a déclaré la compagnie Norbulk Shipping dans un communiqué.

Londres a en effet réagi dans un premier temps en évoquant « deux navires » saisis par l'Iran. « Je suis extrêmement préoccupé par la saisie de deux navires par les autorités iraniennes dans le détroit d'Ormuz », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, dans un communiqué, dénonçant des « saisies inacceptables ». Il s'agit d'un bâtiment britannique et d'un autre « battant pavillon libérien », a-t-il précisé.

Pas de citoyen britannique à bord

Jeremy Hunt va assister dans la soirée à une réunion d'urgence pour examiner « ce que nous savons et ce que nous pouvons faire pour sécuriser rapidement la libération des deux navires ». L'ambassadeur britannique est aussi «en contact» avec le ministère iranien des Affaires étrangères pour « régler la situation ».

Les équipages des deux navires « sont composés de plusieurs nationalités, mais de ce que nous avons compris, il n'y a pas de citoyens britanniques à leur bord », a précisé Jeremy Hunt.