«Génocide arménien»: Erdogan conseille à Emmanuel Macron «d'apprendre à être honnête en politique»

DIPLOMATIE La France a organisé cette année pour la première fois une journée de commémoration du génocide arménien le 24 avril

20 Minutes avec AFP
Le président turc Recep Tayyip Erdogan
Le président turc Recep Tayyip Erdogan — KAYHAN OZER / TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

La décision d’Emmanuel Macron d’instaurer une journée de commémoration du « génocide arménien » ne passe toujours pas à Ankara. Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’en est ainsi pris, ce samedi, à son homologue français dans un discours devant des responsables de son parti à Kizilcahamam : « Adresser un message aux 700.000 Arméniens qui vivent en France ne te sauvera pas Emmanuel Macron. »

La France a organisé cette année pour la première fois une journée de commémoration du génocide arménien le 24 avril. Celui-ci est reconnu par une trentaine de pays et la communauté des historiens. Selon les estimations, entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens ont été tués pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l’Empire ottoman, alors allié à Allemagne et à l’Autriche-Hongrie.

La Turquie évoque des massacres réciproques sur fond de guerre civile

La Turquie refuse cependant l’utilisation du terme « génocide », évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts dans les deux camps. Selon Erdogan, si la Turquie avait fait ce qui lui est reproché, « on ne pourrait pas parler de millions d’Arméniens qui vivent dans une large zone, de l’Europe à l’Amérique, de l’Afrique du nord au Caucase ».

« Apprends d’abord à être honnête en politique, si tu ne l’es pas, tu ne pourras pas gagner », a ainsi poursuivi Erdogan, assurant l’avoir déjà dit directement au président français « de nombreuses fois ».

Erdogan avait déjà qualifié Macron de « novice » en politique

En février, le président turc avait déjà qualifié son homologue français de « novice » en politique et a reproché à la France d’avoir elle-même commis un « génocide » en Algérie pendant la période coloniale et d’avoir également pris part au génocide au Rwanda.

Au cours des commémorations mercredi à Paris, le Premier ministre français Edouard Philippe a déclaré que la France entendait contribuer à la reconnaissance du génocide arménien en tant que crime contre l’humanité et ne se laisserait « impressionner par aucun mensonge ».