Commission européenne: Le budget italien au menu des discussions de l'Eurogroupe

ZONE EURO L’Italie a jusqu’au 13 novembre pour fournir un budget révisé, sans quoi elle s’expose à une « procédure pour déficit excessif », susceptible d’aboutir à des sanctions financières…

20 Minutes avec AFP
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Matteo Salvini a annoncé ce vendredi que les ports italiens seraient fermés aux ONG tout l'été.
Matteo Salvini a annoncé ce vendredi que les ports italiens seraient fermés aux ONG tout l'été. — Riccardo De Luca/AGF/SIPA

Deux semaines après le rejet du budget italien par la Commission européenne, les dix-neuf ministres des Finances de la zone euro, l'Eurogroupe, sont réunis, ce lundi, à Bruxelles pour confirmer cette décision.

Selon plusieurs sources, tous les ministres de l’Eurogroupe devraient valider la décision de Bruxelles, qui a rejeté, le 23 octobre dernier, le projet de budget de la coalition populiste au pouvoir en Italie. Un choix historique pour la Commission, qui a fustigé «une déviation claire, nette, assumée» par rapport aux règles européennes.

« Plus jamais une Italie à genoux »

En cause : le déficit de 2,4% du produit intérieur brut (PIB) pour 2019 présenté par la coalition populiste au pouvoir à Rome, formée de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), très au-dessus de ce que prévoyait le précédent gouvernement de centre gauche (0,8 %). L’Italie a jusqu’au 13 novembre pour fournir un budget révisé, sans quoi elle s’expose à une « procédure pour déficit excessif », susceptible d’aboutir à des sanctions financières.

La Commission « peut continuer de compter sur le soutien de la France », explique une source française, qui espère lundi « un débat serein mais franc ». Le président italien Sergio Mattarella, qui dispose de peu de pouvoirs mais d’une autorité respectée, a appelé le gouvernement à « développer un dialogue constructif avec les institutions européennes ». Le vice-Premier ministre Matteo Salvini, patron de la Ligue, a répondu en appelant ses partisans à manifester le 8 décembre à Rome, pour dire « pacifiquement » aux « messieurs de Bruxelles : laissez-nous travailler, vivre et respirer ». « Aucune petite lettre ne pourra nous faire revenir en arrière. Plus jamais une Italie à genoux », a-t-il lancé.

« L’arrêt du PIB est conjoncturel, il concerne toute l’économie européenne »

La situation économique et sociale en Italie est explosive avec un taux de chômage à 10,1 %, très au-dessus de la moyenne de la zone euro, et une stagnation de l’activité au troisième trimestre (+0,0 %), une première depuis trois ans, qui pourrait avoir des conséquences dans la bataille avec Bruxelles. La coalition a en effet bâti son budget 2019 sur une prévision de croissance très optimiste de 1,5 %, quand le Fonds monétaire international (FMI) ne table que sur 1 % et la Commission européenne - qui doit présenter de nouvelles prévisions jeudi - sur 1,1 %.

Or, si la croissance est plus faible que prévu, le déficit risque d’être encore plus important. « L’arrêt du PIB est conjoncturel, il concerne toute l’économie européenne. Nous l’avions prévu et c’est pour cela que nous avons décidé d’avoir un budget expansif », qui vise à éviter une récession, veut croire le chef du gouvernement Giuseppe Conte. Pour ne rien arranger, Rome, qui ploie déjà sous une énorme dette de 2.300 milliards d’euros (131 % de son PIB), a vu la note de sa dette dégradée par l’agence Moody’s, tandis que Standard & Poor’s a abaissé sa perspective, de stable à négative.