Le tweet de Donald Trump est tombé quelques secondes après la fin de l'audition. Le président américain estime que le témoignage du juge était «puissant et honnête». Et il appelle le Sénat à voter.
LIVE Le candidat de Donald Trump à la Cour suprême s'est farouchement défendu, après un témoignage de Christine Blasey Ford jugé «crédible» par de nombreux experts...
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Le tweet de Donald Trump est tombé quelques secondes après la fin de l'audition. Le président américain estime que le témoignage du juge était «puissant et honnête». Et il appelle le Sénat à voter.
Après 8h45 d'audition, un peu plus de trois heures pour Kavanaugh et Ford sans les pauses. Les deux ont donné leur version. Les deux ont essuyé des larmes. Maintenant, ce comité de 21 sénateurs doit voter, en théorie vendredi (mais ça pourrait changer), pour décider d'envoyer la confirmation du juge devant le Sénat dans la foulée. Avec une courte majorité, les républicains ne peuvent perdre qu'une voix. Ils doivent se rénunir ce soir pour parler stratégie.
Le sénateur Jeff Flake (républicain) a l'air désemparé. «On essaie de faire de notre mieux, mais après cette journée, il va sans doute y avoir autant de doutes qu'avant.» C'est intéressant car Flake est un des «non» potentiels.
A chaque fois, il est sur la défensive.
Dans son agenda a écrit cette entrée pour le 1er juillet 1982 :
« Aller chez Timmy pour des 'skis' (des bières Brewsky) avec Judge, Tom, PJ, Bernie et Squi ». Dans son témoignage, Ford a affirmé que Mike Judge et son amie PJ étaient présents le soir où elle dit avoir été agressée. Les deux témoins ont déclaré qu’ils ne se souvenaient pas d’une telle soirée.
Sa cliente affirme avoir été violée à une fête à laquelle se trouvait Brett Kavanagh. Elle affirme aussi avoir vu Kavanaugh et son ami Mark Judge "attendre leur tour" devant une chambre à d'autres soirées, sous-entendu qu'ils ont participé à des viols en réunion.
Dans le yearbook, le juge et plusieurs membres de l'équipe de foot se sont présentés comme «des anciens de Renate», du nom d'une de leur camarade de classe. Le juge s'excuse d'un malentendu, assurant qu'il n'y avait pas de sous-entendu sexuel mais simplement «de l'affection car elle faisait partie de notre groupe». Pourtant, un joueur de foot a écrit ce poème: «Si vous avez besoi d'une date, et qu'il est tard, appelez Renate». On vous laisse juger.
Avec deux pauses de 45 minutes, ça commence à faire long, il va falloir un triple espresso. Il doit rester une demi-douzaine de sénateurs, sans doute environ 1 heure. Pour l'instant, Donald Trump garde le silence. La grande question est la suivante: les témoignages du juge et de l'accusatrice ont-ils fait pencher la balance et convaincu 2 sénateurs républicains de voter non.
Ça tourne au règlement de comptes. Les républicains sont colère car les démocrates ont joué la montre pendant 35 jours en gardant les accusations secrètes. Les démocrates sont fâchés car les républicains refusent d'impliquer le FBI. Personne n'en sort grandi.
Alors qu'elle lui demandait s'il avait déjà eu un black-out après avoir bu, il a répondu: «Non, et vous?». Il lui présente ses excuses après la pause. «J'apprécie».
Au boulot, dans le métro ou dans l'avion, tout le monde regarde ou écoute les débats. A lire ici.
La dernière, on espère.
C'est désormais officiellement le cirque, les démocrates passent au crible le «yearbook» de Kavanaugh. Et le juge explique un onomatopée: qui fait référence à des «flatulences».
...
Lindsey Graham vole à la défense du juge Kavanagh et s'indigne pendant 5 minutes. Et appelle tous ses collègues à voter pour lui. Il accuse les démocrates de vouloir «voler» ce siège à la Cour suprême. «J'espère que vous ne l'aurez jamais».
Le sénateur démocrate, en somme, lui dit: Si vous êtes innocent, pourquoi ne demandez-vous pas une enquête du FBI, tout de suite, là maintenant? Kavanaugh répète qu'il fera ce que le comité décide. On tourne en rond.
A 17 ans, il tenait un agenda/journal de ses activités. Il affirme que cela constitue une preuve qu'il n'a jamais été à une fête avec Christine Ford (car il n'y a pas de telle entrée). Dur d'imaginer qu'un juge puisse penser que cela constitue un alibi.
Selon Christine Blasey Ford, Mark Judge était présent dans la chambre au moment des faits présumés. Mais les sénateurs républicains ont refusé d'appeler des témoins.
Le juge, très émotif, a demandé une pause.
«Pourquoi ne demandez-vous pas au FBI d'enquêter pour vous innocenter», demande la démocrate. «C'est le comité du Sénat qui décide», répond-il, se disant toutefois ouvert à une enquête.
Il reconnaît qu'il buvait des bières au lycée, «parfois quelques unes de trop mais jamais au point d'avoir un trou noir. Il y a un gouffre entre boire des bières et aggresser sexuellement quelqu'un. Je suis innocent.» Il cite les lettres de plusieurs dizaines de femmes, de stagiaires et d'amies, le soutenant. Il étrangle souvent des sanglots.
Après la colère, le juge Kavanaugh retient ses larmes quand il parle de l’impact des attaques sur sa mère et sur sa fille de 10 ans, qui a souhaité « prier » pour son accusatrice. « Je ne remets pas en cause que Dr Ford ait été victime d’une agression sexuelle, quelque part, par quelqu’un » mais il soutient que ce n’est pas lui.
«Je n'ai jamais agressé sexuellement personne, pas au lycée, pas à l’université, jamais.» Il dénonce un «cirque», «une diffamation grotesque et coordonnée» par «la gauche», «les menaces viles contre ma famille».
4 heures d’audition, avec environ 3h de témoignage (et 1h de pauses). On revient dans 45 minutes, ça sera au tour du juge Kavanagh de témoigner pour « défendre [son] honneur », comme il l’a répété.
C'était l'une des dernièrs questions de la procureure: 3 témoins ont fourni des déclarations disant qu'ils n'avaient aucun souvenir de cette fête. «Ce n'est pas suprenant, il ne leur est rien arrivé de notable ce soir-là, c'était une soirée parmi d'autres», répond Blasey Ford.
Corey Booker salue lui aussi le « courage » de l’universitaire. « L’Amérique vous écoute et des victimes de violences sexuelles pleurent car elles sentent votre douleur et la leur, c’est héroïque ». Blasey Ford l’écoute, les larmes aux yeux. Moment fort.
La procureure est visiblement plus intéressée par les récents événements (et les fuites dans les médias) que par l’agression sexuelle présumée. Elle cherche à déterminer si le témoignage de Blasey Ford a été instrumentalisé pour tenter de faire dérailler la candidature de Kavanaugh.
Pour soutenir Christine Blasey Ford.
Blasey Ford organise ses notes.
Ancien procureur passé avocat de la défense, Michael Cardoza juge que Blasey Ford est un témoin «crédible». Et le juriste avait ses doutes avant son témoignage, trouvant sa démarche très politisée.
On va en profiter pour faire le point sur son témoignage.
C'était la première fois qu'elle passait un polygraphe. Elle assure que ses avocats ne lui ont pas donné de tuyaux.
Un sénateur démocrate revient sur le témoignage de Blasey Ford. « Je vous crois », insiste-t-il (car elle a demandé une enquête du FBI, passé un polygraphe, et qu’elle n’hésite pas à dire « je ne sais pas » plutôt que d’essayer d’inventer des détails).
Christine Blasey Ford se défend d’être une marionnette d’activistes démocrates. Dans son témoignage, elle a insisté, « je suis une femme indépendante ».
L'avocat de Stormy Daniels, qui représente une autre femme qui accuse Brett Kavanaugh d'inconduite sexuelle, taille les sénateurs républicains avec des émojis.
Elle a indiqué que « six à huit semaines » après l’incident présumé, elle avait vu le camarade de classe de Brett Kavanaugh, qui était selon elle présent dans la chambre, à la caisse du supermarché. Les mémoires de Mark Judge mentionnent qu’il a travaillé à la caisse d’un supermarché au lycée quand il était en première, et c'était bien en 1982.
On revient sur la timeline. Blasey Ford indique avoir:
- contacté sa députée et le Washington Post début juillet mais que son témoignage est resté sans réponse
- sa députée l'a contacté le jour de l'annonce de Kavanaugh le 9 juillet
Blasey Ford avait demandé davantage de temps pour venir témoigner car elle dit avoir peur de l'avion. Mais la procureure lui fait reconnaître qu'elle a régulièrement pris l'avion pour son travail et ses loisirs. Elle semble ainsi remettre en question l'honnêteté de l'accusatrice. De nombreuses personnes qui souffrent d'anxiété soulignent toutefois qu'on peut prendre l'avion tout en ayant peur.
Le président américain vient de rentrer à la Maison Blanche.
Les démocrates le répètent ad nauseam: Christine Blasey Ford a demandé une enquête du FBI pour faire toute la lumière, pourquoi les républicains et Kavanaugh ont-ils refusé s'il est innocent? Il va pouvoir répondre à cette question plus tard.
Dans ses différents déclarations, Blasey Ford a parlé «du milieu des années 80» puis «du début des années 80» et enfin de «1982». C'est selon elle, une estimation. Elle ne ne souvient pas avec précision mais pense que c'était avant qu'elle obtienne son permis de conduire.
Avec la procureure Rachel Mitchell, et on regarde une carte du voisinage pour déterminer qui habitait où.
Viré par Trump, Preet Bharara estime que le témoignage de Christine Blasey Ford est «crédible et dévastateur».
Le juge Kavanaugh, souvent froid, va avoir fort à faire.
Un peu de background: les accusations sont sérieuses, et la position, à vie, aussi. Les démocrates ont joué la montre en attendant la dernière minute pour révéler l'affaire, et les républicains traînent des pieds pour offrir une véritable enquête. Et l'heure tourne: si Kavanaugh n'était pas confirmé, les républicains n'auraient sans doute pas assez de temps pour choisir un autre candidat avant les midterms de début novembre.
Si les démocrates reprennent le contrôle du Sénat (c'est loin d'être gagné), ils pourraient bloquer n'importe quel candidat de Trump. Et ainsi rendre la monnaie de leur pièce aux républicains, qui ont bloqué le candidat d'Obama en 2016.
Et ce poste est critique: pour l'instant, la cour est à 4 conservateurs et 4 libéraux, du coup, il s'agit du siège qui fera pencher la balance.
Cela fait déjà presque 1h30 qu'on a commencé, cela va sans doute durer au moins 4 ou 5 heures.
Christine Blasey Ford a parfois des larmes dans la voix mais à chaque fois elle se reprend.
Un sénateur démocrate assure Blasey Ford qu'elle a «inspiré» de nombreuses victimes. «Le courage, c'est contagieux».
Même en avion.
Vous entendez souvent le nom de Mark Judge. C'est le meilleur ami au lycée de Brett Kavanaugh. Selon Blasey Ford, il était présent dans la chambre, «ivre», et «riait». A un moment, «il a sauté sur le lit et on s'est écroulé». Elle dit ensuite avoir pu s'échapper. Les démocrates ont réclamé d'entendre Mark Judge, mais ce dernier a refusé, disant qu'il n'avait «aucun souvenir» d'une telle soirée et n'avait «jamais vu» Kavanaugh agir de cette façon. Pour info, Judge a écrit un livre «Bourré, récit d'un membre ivre de la Génération X».
On alterne 5 minutes / 5 minutes, et du coup, la procureure a du mal à pouvoir vérifier la timeline et le témoignage.
Blasey Ford assure que ce n'est pas un cas de «mistaken identity». La preuve, selon elle, c'est qu'elle avait déjà rencontrée Kavanaugh à plusieurs reprises, elle ne l'a donc pas confondu avec quelqu'un d'autre. Elle glisse quelques termes techniques sur la mémoire, PhD de psychologie oblige. Un autre démocrate revient à la charge: «quel est votre degré de certitude?» «100%».
L'actrice est l'une des portes-paroles du mouvement #MeToo.
La procureure lui fait lire ses lettres et déclarations et lui demande si elles sont exactes. Blasey Ford apporte quelques corrections:
- elle a parlé de 4 personnes présentes à la soirée mais c'était «au moins 4».
- elle dit avoir été poussée par Kavanaugh dans la chambre. «C'était par derrière, c'est possible que Mark Judge (son ami ndr) l'ait aidé».
Cette vérification prend trop de temps au goût du patron républicain. On passe aux questions de la démocrate Diane Feinstein (et on reviendra aux vérifications après).
La procureure embauchée par les républicains cherche à mettre l’accusatrice à l’aise. « Vous avez l’air terrifiée, j’en suis désolée ». Elle explique que si une question n’est pas claire, elle peut lui demander de la clarifier ».
11 sénateurs, 11 hommes, une photo qui pourrait bien devenir un symbole du mouvement #MeToo.
Le témoignage de Christine Blasey Ford cherche à combattre les nombreuses accusations et doutes (pourquoi maintenant, pourquoi n'a-t-elle rien dit à ses parents etc.). C'est un thème majeur du mouvement MeToo: personne ne peut savoir ni juger sans avoir vécu ce qu'elle assure avoir vécu.
Elle est visiblement stressée, et qui ne le serait pas. Elle lit le témoignage qu'elle a publié hier soir. «Je suis une chercheuse en psycologie...». Elle résume son accusation:
- elle allait dans un lycée privé près de Washington
- elle avait rencontré Kavanaugh quelques fois (elle le connaissait donc)
- lors d'une soirée arrosée, «Kavanaugh et son ami Mark Judge avaient l'air ivre»
- Elle dit avoir été «poussée dans une chambre»
- Kavanaugh «était sur moi, je n'arrivais pas à me dégager avec son poids, il riait. J'ai cru qu'il allait me violer. Il avait sa main sur ma bouche, j'ai cru qu'il allait me tuer accidentellement»
La voix de Christine Blasey Ford tremble. Elle reprend sa respiration. «Je n'ai rien dit car j'avais peur et j'avais honte». «J'ai tout fait pour oublier car y repenser me faisait revivre les événements»
- Elle dit avoir dit à son mari en 2012 et à un psychologue avoir été attaquée.
La bataille commence. La démocrate rappelle que les républicains «ont refusé une enquête du FBI». Dans les années 90, lors des accusations de harcèlement sexuel contre le juge Clarence Thomas, le FBI avait enquêté pendant 3 jours et le comité entendu 21 témoins et experts. Aujourd'hui, ce «procès» n'aura que l'accusatrice et l'accusé.
La démocrate Diane Feinstein veut humaniser Blasey Ford et revient sur son «impressionnant CV»: une licence à Pepperdine et un PhD à USC. Elle enseigne la psychologie en Californie et fait ses recherches à Stanford. Bref, ce sont des accusations sérieuses d'une personne sérieuse.
«Les accusations sont graves et délicates», explique Grassley. Pour cette raison, les républicains ont choisi d'embaucher Rachel Mitchell, une procureure spécialisée dans les crimes sexuelles, pour poser les questions à Blasey Ford en leur nom. Au sein de la division «special unit», Rachel Mitchell est très respectée. Et va éviter aux sénateurs républicains --tous des hommes-- de poser des questions délicates et d'avoir des clips YouTube qui tournent en boucle pour leur réelection.
Le républicain Chuck Grassley commence implicitement par défendre le juge, qui a «témoigné pendant des heures et passé 6 background checks du FBI» pour ses précédentes confirmations. «Ces allégations sont tombées à la dernière minute», se plaint-il, assurant toutefois que le comité a fait «tout son possible» pour interroger des témoins pour corroborer les événements présumés.
L'Amérique découvre le visage de Christine Blasey Ford, une chercheuse en psychologie de Stanford de 51 ans. Elle va témoigner la première, mais d'abord, ce sont les déclarations d'ouvertures du patron républicain du comité, Chuck Grassley, et de la démocrate Diane Feinstein.
Grassley présente ses excuses aux deux témoins pour «la semaine horrible qu'ils ont vécue». L'affaire déchaîne l'Amérique et le juge et son accusatrice ont reçu des menaces de morts.
Selon le format retenu, Blasey Ford lira d'abord son témoignage sous serment, puis chaque sénateur disposera de cinq minutes pour l'interroger. Les républicains –qui sont tous des hommes– ont fait appel aux services d'une procureure spécialisée dans les crimes sexuels, qui sera chargée de poser leurs questions. Ensuite, ce sera au tour de Kavanaugh.
Depuis deux semaines, l'affaire divise l'Amérique. Donald Trump a défendu son poulain, mercredi, rappelant qu'il avait été victime de «fausses accusations» pendant la campagne. Les démocrates, eux, réclament une enquête du FBI, soulignant que deux autres femmes accusent le magistrat d'inconduite sexuelle.