VIDEO. Brésil: «Trump tropical», «Mito»... Qui est Jair Bolsonaro, grand favori à la présidentielle?

POLITIQUE Le candidat d’extrême droite, favori de la présidentielle ce dimanche, s'est imposé peu à peu dans le paysage politique brésilien...

F.P.
 Jair Bolsonaro, candidat d'extrême-droite à l'élection présidentielle brésilienne.
Jair Bolsonaro, candidat d'extrême-droite à l'élection présidentielle brésilienne. — EVARISTO SA / AFP
  • Lors d’un meeting, le candidat d’extrême droite favori du premier tour de la présidentielle au Brésil, Jair Bolsonaro, avait reçu un coup de couteau à l’abdomen en septembre dernier.
  • Surnommé le « Trump Tropical », il est connu pour sa violence verbale et ses propos outranciers à l’encontre des homosexuels, des femmes, des noirs…

Jair Bolsonaro avait une voie royale devant lui pour devenir le prochain président du Brésil. Longtemps pourtant, le candidat d’extrême droite affilié au Parti social-libéral a été distancé dans les sondages par l’ex-président Lula Da Silva, « père des pauvres ». Mais la candidature de ce dernier, emprisonné depuis le 7 avril pour corruption, est de plus en plus improbable et laisse Jair Bolsonaro, crédité de 22 % des intentions de vote fin août, sans réel rival.

 

Hors course ?

Le coup de couteau reçu à l’abdomen jeudi, alors qu’il était porté par une foule en liesse en plein meeting à Juiz de Fora (au nord de Rio-de-Janeiro), a totalement rebattu les cartes. Deux dernières enquêtes d'opinion, publiées samedi soir, la veille du vote, plaçaient toujours l'ex-capitaine de l'armée en tête des intentions de vote, avec 36%, soit une progression d'un point par rapport aux derniers sondages. 

Après son agression survenue en septembre, la presse brésilienne cherchait à déterminer les dommages politiques de cette attaque dont les images très fortes ont fait le tour du monde. La première crainte était celle une radicalisation des militants de Jair Bolsonaro contre les forces de gauche - l’auteur du coup de couteau ayant été affilié au PSOL (Parti socialisme et liberté) par le passé - et la polarisation accrue de la société brésilienne.

Le « Trump tropical »

Une polarisation que Jair Bolsonaro a lui-même attisée. Le « Trump tropical » - l’un de ses surnoms avec « Mito » (le mythe) - est connu pour sa violence verbale, ainsi que sa nostalgie affichée de l’époque où le Brésil était encore une dictature militaire. Une marque de fabrique qu’il a faite sienne bien avant la campagne.

Né à Campinas dans l’Etat de Sao Paulo, d’une mère d’origine italienne et d’un père dentiste alcoolique, raconte  Les Inrockuptibles.qui lui consacrait un portrait début avril, Jair Bolsonaro est un militaire de carrière, passé de simple soldat à capitaine d’artillerie de l’armée de terre brésilienne. Il entre en politique en 1988 en se faisant élire conseiller municipal de la ville de Rio de Janeiro sous les couleurs du Parti démocrate chrétien. Il sera député fédéral deux ans plus tard, fonction qu’il occupe toujours 27 ans plus tard, après avoir écumé de nombreux partis. Du centre vers la droite extrême.

Spécialiste des propos outranciers

L’économie n’est pas sa tasse de thé. Lui-même reconnaît ne pas y comprendre grand-chose. Son programme est vague et son discours libéral consensuel. En revanche, le candidat du Parti social-libéral égrène des positions hyperconservatrices et sans filtres sur les thèmes de société. Il répète à longueur d’interviews avoir des « préjugés et en être très fiers », raconte un article du site d’information indépendant Agência Pùblica, traduit en français par Basta ! Tout y passe. Le député brésilien a considéré par le passé les peuples indigènes et noirs comme « malodorants » et « non éduqués », rappelle  Les Inrockuptibles.

Il se signale aussi régulièrement par ses propos homophobes et misogynes. Il a assuré ainsi qu’il « ne pourrait pas aimer un fils qui serait homosexuel » ou que « la femme doit gagner un salaire moindre parce qu’elle tombe enceinte ».

Il déplore le « délabrement des valeurs familiales » et se présentait le 28 août dernier, dans un entretien au journal télévisé de  Globo, première chaîne du pays, comme « un patriote », « prompt à défendre Dieu, la famille », raconte Le Monde. Anti-avortement, il s’oppose publiquement à l’union civile entre deux personnes de même sexe. Il a même déclaré, durant cette campagne, que les violences corporelles contre les enfants qui présentent des tendances homosexuelles étaient « tolérables. ».

Pas fan du « guide du zizi sexuel »

C’est lors de cette même interview que le député brésilien avait brandi la version portugaise du « Guide du zizi sexuel », écrit par Hélène Bruller et illustré par Zep qui met en scène Titeuf pour expliquer la sexualité aux 9/13 ans. Jair Bolsonaro rangeait ce livre dans son « kit gay » qu’il dit être distribué dans les écoles brésiliennes, accusant ainsi implicitement le ministère de l’Éducation nationale brésilienne de promouvoir l’homosexualité.

Jair Bolsonaro est tout aussi brut sur les questions de sécurité, autre sujet sensible dans un pays miné par la violence. S’il est élu, il s’engage à favoriser le port d’arme. « Si [un policier] tue dix, quinze, vingt personnes, il doit être décoré, pas poursuivi », affirmait-il aussi toujours à la Globo, lorsque la journaliste l’interrogeait sur les nombreuses bavures policières dans les quartiers déshérités.

Un discours qui fait mouche au Brésil ?

Reste que ce discours fait mouche auprès d’une partie de l’électorat brésilien, qui voit un homme franc dans ces propos sans filtres. Il est particulièrement populaire parmi les jeunes et les classes brésiliennes les plus aisées, mais présente aussi une réelle alternative pour ceux désabusés par les affaires de corruptions à répétition qui ont marqué les deux présidences successives de Lula et Dilma Roussef.

C’est peut-être le plus grand atout de Jair Bolsonaro, analyse Le Monde : celui de ne pas avoir été directement impliqué dans  l’affaire Lava-Jato, le plus grand scandale de corruption de l’histoire du Brésil.