VIDEO. Etats-Unis: Qui était le bagagiste suicidaire qui a volé un avion à Seattle ?

Portrait Un enregistrement audio entre le pilote et la tour de contrôle brosse un portrait complexe du jeune homme, tour à tour surexcité, confus, calme et honnête…

N.Sa avec AFP
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Des policiers  au terminal du ferry Steilacoom, près du lieu où s'est écrasé l'avion dérobé par un bagagiste de l'aéroport de Seattle le 11 août 2018.
Des policiers au terminal du ferry Steilacoom, près du lieu où s'est écrasé l'avion dérobé par un bagagiste de l'aéroport de Seattle le 11 août 2018. — Ted S. Warren/AP/SIPA

Richard Russel, le bagagiste de 29 ans qui s’est décrit comme un homme « brisé », a volé un bimoteur vide vendredi soir à l'aéroport de Seattle et effectué quelques figures acrobatiques sous l’oeil vigilant de deux F-15 militaires, avant de mourir en s’écrasant dans la baie de Seattle.

 

Un enregistrement audio entre le pilote, identifié comme « Rich » ou « Richard », et la tour de contrôle brosse un portrait complexe du jeune homme, tour à tour surexcité, confus, calme et honnête.

« C’est probablement une affaire de prison à vie, hein ? »

Il dit d’abord avoir mis assez de carburant « pour aller voir les montagnes Olympiques », situées dans l’Etat de Washington près de la frontière canadienne, avant de s’inquiéter du fait que le carburant ait été consommé « plus vite que je ne pensais ».

La tour de contrôle a tenté de le convaincre avec ménagement d’atterrir sur une base militaire voisine. « Félicitations, vous avez réussi », lui dit la tour. Avant de l’inviter à se poser : « On tourne en l’air et on le pose sans faire de mal à personne au sol ». « Je n’aimerais pas faire cela. Ils ont probablement de la DCA », leur a répondu Richard Russel, ajoutant : « C’est probablement une affaire de prison à vie, hein ? »

Il se confie ensuite : « Il y a beaucoup de gens qui se soucient de moi. Ça va les décevoir de savoir que j’ai fait ça. Je voudrais m’excuser auprès de chacun d’eux. (Je suis) juste un mec brisé, j’ai quelques boulons mal vissés, j’imagine. Je ne l’avais jamais vraiment su, jusqu’à maintenant ».

Un « gars tranquille », « apprécié de ses collègues »

« C’était un gars tranquille. Il semble qu’il était bien apprécié de ses collègues », a déclaré un ancien superviseur, Rick Christenson, cité par le Seattle Times.
La famille du bagagiste n’était pas présente à la conférence de presse donnée par ses proches samedi soir. C’est Mike Mathews, un ami de Richard Russel et de sa famille qui a pris la parole.


Il a expliqué que la famille était en état de choc et n’était pas en mesure de répondre aux questions des journalistes. Mais ils remercient les autorités, la communauté, Jésus, leurs amis et leur famille pour leur soutien. Et demandent qu’on les laisse faire le deuil de « Beebo », surnom donné au jeune homme, selon des informations du Seattle Times.
« Il était un mari fidèle, un fils aimant et un bon ami », a indiqué Mathews. « Beeboo était aimé de tous car il était gentil avec chaque personne qu’il rencontrait », a-t-il ajouté.

Au lendemain de l’incident, pas plus son employeur que les enquêteurs ne semblaient en mesure d’expliquer comment cet homme, qui n’avait aucune expérience de pilotage connue, est parvenu à faire décoller le bimoteur à hélices Bombardier Q400, d’une capacité de 90 places, et à lui faire ensuite effectuer des manoeuvres d’une grande difficulté technique. « A notre connaissance, il n’avait pas de licence de pilote », a indiqué Gary Beck, directeur général d’Horizon Air.

La sécurité de l’aéroport n’est pas remise en cause selon le directeur

Outre ses aptitudes de pilote, se pose également la question de savoir comment l’homme a pu décoller d’une des trois pistes du neuvième aéroport le plus fréquenté des Etats-Unis, sans autorisation de la tour de contrôle. L’avion avait aussitôt été pris en chasse par deux F-15 venus de la base de Portland, dans l’Etat voisin d’Oregon, qui ne sont pas intervenus dans l’accident, selon la police locale.


Lors d’une conférence de presse samedi, le directeur des opérations de l’aéroport de Seattle-Tacoma, Mike Ehl, a assuré qu’il n’y avait eu « aucune violation » de la sécurité des installations. Brad Tilden, directeur général d’Alaska Airlines, maison mère d’Horizon Air, a ainsi indiqué qu’en tant que bagagiste, Richard Russel « était autorisé à se trouver dans la zone » où était garé l’appareil. Son rôle était aussi de tracter les avions au sol, accompagné d’un collègue, de les nettoyer et de charger et décharger le fret et les bagages.