L’Autriche refuse d’être le «pays des caves»

V.G.
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AFPTV

A quelques semaines de l’Euro 2008, l’image de l’Autriche est écornée par l’affaire Josef Fritzl qui rappelle un autre fait divers intervenu dans la république alpine, la séquestration de Natascha Kampusch


Il n’en fallait pas plus pour donner une image sordide à ce pays réputé paisible. Pour les médias du monde entier, l'Autriche est devenue «le pays des caves», estime Karin Cwrtila, de l'Association autrichienne de marketing. 


«Qu’est ce que c’est que ce pays?» se demande ainsi le journal gratuit suisse «Heute» sur sa une. Un phénomène qui rappelle ce qu’avait subi la Belgique, étiquetée pays de la pédophilie à la suite de la révélation des crimes de Marc Dutroux.

«L'un des pays les plus sûrs au monde»


Le gouvernement se hâte pour réagir craignant que la sordide affaire de la cave d’Amstetten ruine une partie des efforts de communication déployée par l’Autriche en vue de l’Euro de football qu’elle organise avec la Suisse du 7 au 29 juin. Dans son discours du 1er mai, le chancelier Alfred Gusenbauer a prévenu : «Nous ne permettrons pas que toute l'Autriche, toute notre population soit prise en otage par un seul criminel barbare.» 


Le chancelier a promis de «défendre l'image du pays», soulignant que «l'Autriche est l'un des pays les plus sûrs au monde». Mais rien de grave selon les experts en marketing: l'Association autrichienne de marketing estime que l’Autriche devrait redevenir le pays de Mozart, du baroque et des costumes folkloriques, clichés plus ancrés dans la mémoire collective.


Les Autrichiens ont-ils du mal à regarder chez leur voisin?


Y a-t-il vraiment un problème autrichien? La question est délicate. Certains, comme le professeur Friedrich, psychiatre de Natascha Kampusch, tentent une périlleuse explication: «L’Autriche est un peuple qui refoule sans cesse. Depuis la chute de l'Empire austro-hongrois en 1918, les Autrichiens ne veulent pas voir la réalité en face. Ce n'est pas un hasard si Freud a fait ses plus grandes découvertes psychiatriques à Vienne», explique-t-il au «Journal du Dimanche».


Sur le site de «BBC News», Anneliese Rohrer, une éditorialiste autrichienne, propose une autre explication: «Peut-être que les Autrichiens, en rejetant la culture de la dénonciation pratiquée par les nazis, ont maintenant du mal à regarder ailleurs que chez eux?». 


Loin de ce débat psychologique, le gouvernement autrichien s’interroge sur les mesures à prendre pour éviter d’autres affaires de ce genre. La ministre de la Justice, Maria Berger, sociale-démocrate, a ainsi proposé de doubler, au maximum à 30 ans (contre 10 à 15 ans actuellement), le délai pendant lequel les crimes et délits sexuels resteront inscrits au casier judiciaire des personnes jugées dangereuses. Selon un rapport de police datant de 1967 révélé dans la presse autrichienne, Josef Fritzl avait déjà violé une jeune femme et tenté d’en violer une autre.