Italie: Giuseppe Conte renonce finalement à être Premier ministre

OUI MAIS NON Giuseppe Conte avait été désigné mercredi pour occuper le rôle de Premier ministre par les antisystème et l’extrême-droite…

20 Minutes avec AFP
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Giuseppe Conte, au palais du Quirinal, le 23 mai 2018.
Giuseppe Conte, au palais du Quirinal, le 23 mai 2018. — Vincenzo PINTO / AFP

A peine désigné, déjà parti. Le chef du gouvernement italien désigné, Giuseppe Conte, a jeté l’éponge face au refus du président Sergio Mattarella de nommer le ministre des Finances choisi par les populistes. « J’ai remis le mandat qui m’avait été confié par le président Mattarella pour former le gouvernement du changement », a brièvement déclaré dimanche soir Giuseppe Conte, un juriste de 53 ans totalement inconnu des Italiens il y a encore une semaine.

Furieux, le chef de file des antisystème italiens, Luigi Di Maio, a déclaré dimanche soir qu’il chercherait à obtenir du Parlement la destitution du président Sergio Matterella. Il a expliqué vouloir invoquer l’article 90 de la Constitution italienne, qui permet de mettre en accusation le chef de l’Etat devant le Parlement pour « haute trahison » ou s’il porte « atteinte à la Constitution ».

Le chef de l’Etat a de son côté convoqué lundi Carlo Cottarelli, un économiste ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) pour, selon toute vraisemblance, le charger de former un «gouvernement du président» qui devra avant tout préparer de nouvelles élections.

Refus du président Mattarella de nommer un eurosceptique

Soutenu par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), Giuseppe Conte a présenté dimanche soir la liste des membres de son gouvernement mais s’est heurté au refus du président Mattarella de nommer un économiste eurosceptique à la tête du ministère de l’Economie et des Finances. Ce dernier, Paolo Savona, 81 ans, était ardemment soutenu par le patron de la Ligue, Matteo Salvini, qui a préféré prendre le risque d’ouvrir une crise institutionnelle avec le chef de l’Etat plutôt que de renoncer à ce choix.

« Soit on peut bien travailler pour redonner un avenir à ce pays et à nos enfants, ou alors, en démocratie, si on est encore en démocratie, il n’y a plus qu’une chose à faire : rendre la parole aux Italiens », a déclaré dimanche soir Matteo Salvini, avant même la renonciation de M. Conte.

« Diktat » des partis politiques

Le président Mattarella, un ancien juge à la Cour constitutionnelle et gardien sourcilleux de la Constitution, a refusé de plier devant ce qu’il considérait dès jeudi comme un « diktat » des partis politiques, contraire, selon lui, aux intérêts de l’Italie. « La désignation du ministre de l’Economie constitue toujours un message immédiat de confiance ou d’alarme pour les opérateurs économiques et financiers », a-t-il expliqué devant la presse.

« J’ai demandé pour ce ministère un représentant politique de la majorité cohérent avec l’accord de programme (…) qui ne soit pas vu comme le soutien à une ligne qui pourrait provoquer la sortie inévitable de l’Italie de l’euro », a-t-il ajouté.

La fermeté du président a immédiatement suscité la fureur de Luigi Di Maio, qui a jugé « incompréhensible » le refus du chef de l’Etat italien. « Alors disons-le clairement qu’il est inutile d’aller voter, puisque les gouvernements ce sont les agences de notation, les lobbies financier et bancaire qui les font. Toujours les mêmes », a-t-il lancé dans un message vidéo, posté sur sa page Facebook.