Guerre en Ukraine : Avant Abramovitch, les affaires d'empoisonnement d'opposants de Navalny à Iouchtchenko
ARMES Alors que l’oligarque Roman Abramovitch a développé des symptômes après sa venue à Kiev « 20 Minutes » revient sur l’utilisation de poisons par le régime de Moscou contre ses opposants
- L’oligarque russe Roman Abramovitch, qui joue les médiateurs pour faire cesser la guerre en Ukraine, a souffert de symptômes qui font penser à un empoisonnement.
- En Angleterre, un ex-agent double russe et sa fille sont hospitalisés depuis dimanche après « une tentative de meurtre à « l’agent innervant ».
- Cette affaire remet en lumière l’utilisation de poisons dans plusieurs tentatives d’assassinats d’opposants ou d’anciens espions.
EDIT : Nous rediffusons et remanions cet article de 2018 sur les empoisonnements, arme russe, à l’occasion d’une actualité liée à la guerre en Ukraine. L’oligarque russe Roman Abramovitch, qui tente de jouer les médiateurs entre Moscou et Kiev pour faire cesser la guerre en Ukraine, a souffert de symptômes qui font penser à un possible empoisonnement. Le milliardaire propriétaire du club de football anglais de Chelsea, ainsi qu’au moins deux autres négociateurs « ont développé des symptômes » : yeux rouges et peau qui pèle. L’article a été également mis à jour avec l’affaire de l’empoisonnement d’Alexeï Navalny en 2019. Le titre a été changé et actualisé avec les dernières actualités.
Les empoisonnements des opposants et des espions, plébiscités dans les romans d’espionnage de la guerre froide, restent d’actualité au XXIe siècle. Novitchok, dioxine, polonium, agent VX, les poisons utilisés ces dernières décennies pourraient nourrir un catalogue. Alors que des négociateurs dans le conflit en Ukraine dont Roman Abramovitch, ont développé des symptômes pouvant faire penser à un empoisonnement lors de leur venue à Kiev, 20 Minutes revient sur quelques cas marquants…
Du Novitchok pour Alexeï Navalny, l’opposant numéro 1, en août 2019
En août 2019, Alexeï Navalny, l’opposant de 44 ans à Vladimir Poutine a été placé en réanimation à l’hôpital des urgences d’Omsk (Sibérie), jeudi dernier après s’être senti mal dans un avion. Son entourage avait immédiatement dénoncé un « empoisonnement intentionnel ». Transféré en Allemagne, il sera soigné dans un hôpital de Berlin. Trois laboratoires européens concluent à son empoisonnement avec un agent neurotoxique de type Novitchok, conçu à des fins militaires à l’époque soviétique, A sa sortie d’hôpital, il accuse Vladimir Poutine.
L’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille possiblement empoisonnés
Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, ont été retrouvés inconscients le 4 mars 2018 dans un centre commercial à Salisbury (Angleterre). Ils sont depuis hospitalisés. Ancien colonel au sein du service de renseignement de l’armée russe, Sergueï Skripal a été condamné en 2006 à 13 ans de prison pour avoir livré des informations aux Britanniques. Il s’est installé à Londres après avoir fait l’objet d’un échange de prisonniers en 2010 entre Moscou, Londres et Washington. Le ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a pointé du doigt la responsabilité de la Russie dans cette affaire, accusation réfutée par Moscou. Le mercredi 7 mars, la police britannique a fait savoir qu’il s’agissait d’une tentative de meurtre à « l’agent innervant ».
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L’agent VX utilisé sur Kim Jong-Nam, demi-frère du dirigeant nord-coréen
Le 13 février 2017, Kim Jong-Nam, demi-frère du dirigeant de la Corée du Nord Kim Jong-Un, a été empoisonné en plein jour par deux femmes dans un aéroport de Kuala Lumpur, en Malaisie. L’homme a rapidement succombé à une crise cardiaque. Des traces de VX, un agent neurotoxique classé comme arme de destruction massive, ont été découvertes par les experts malaisiens. La Corée du Nord a nié toute implication dans cet assassinat.
Le gelsémium contre l’oligarque russe Alexander Perepilichny ?
Le 10 novembre 2012, l’oligarque russe Alexander Perepilichny meurt subitement près à Londres où il est réfugié depuis 2009. L’homme a livré des informations à propos d’un vaste scandale de corruption en Russie. La police conclut à une mort naturelle avant que de nouvelles analyses, en 2015, ne laissent penser à un empoisonnement. Des traces d’un produit dérivé du gelsémium, une substance rare utilisée par les Chinois et les Russes, ont été trouvées dans l’estomac de la victime.
Le polonium-210 contre l’ancien espion russe Alexander Litvinenko
Le cas de l’ancien agent des services secrets russes Alexander Litvinenko a défrayé la chronique fin 2006. L’homme, qui collaborait avec les Britanniques et enquêtait sur d’éventuels liens entre le Kremlin et la mafia russe, se sent mal après avoir bu un thé avec deux Russes dans un hôtel à Londres le 1er novembre 2006. Il meurt quelques semaines plus tard, empoisonné au polonium-210, une substance radioactive produite en Russie. Moscou qui a refusé d’extrader le principal suspect de cette affaire, a récusé les accusations la visant.
La dioxine utilisée contre le candidat ukrainien Viktor Iouchtchenko
En septembre 2004, Viktor Iouchtchenko, candidat à la présidentielle ukrainienne face à un adversaire soutenu par Moscou, tombe gravement malade. Empoisonné à la dioxine, l’homme survit mais garde des séquelles sur sa peau. Il est élu président du pays en 2005 et termine son mandat en 2010.
L’assassinat raté visant Khaled Mechaal, dirigeant du Hamas
En septembre 1997, cinq agents israéliens se faisant passer pour des touristes canadiens tentent d’assassiner en Jordanie Khaled Mechaal, chef du bureau politique du mouvement islamiste Hamas. Ils lui injectent une substance toxique au visage. Deux agents sont arrêtés par les Jordaniens. Contre leur libération, le gouvernement israélien fournit un antidote au Palestinien et libère le cheikh Ahmed Yassine, chef spirituel du Hamas.
La ricine pour le dissident bulgare Georgi Markov
Le 11 septembre 1978, l’opposant bulgare Georgi Markov est piqué à la jambe par un passant avec un parapluie. Celui-ci est en réalité une arme contenant une dose de ricine et Georgi Markov meurt trois jours plus tard. L’affaire du « parapluie bulgare » n’a jamais été officiellement élucidée.