Iran: Jean-Yves Le Drian à Téhéran pour un «dialogue franc»

IRAN Le ministre français des Affaires étrangères va tenter de sauvegarder l’accord sur le nucléaire iranien tout en demandant des gages à l’Iran...

20 Minutes avec AFP
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Le ministère des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian.
Le ministère des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian. — Ludovic MARIN / AFP

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian va tenter lundi à Téhéran de sauvegarder l’accord sur le nucléaire iranien tout en demandant des gages à l’Iran, dans un « dialogue franc », sur son programme balistique et ses ambitions régionales.

Arrivé à Téhéran dans la nuit, il est le premier haut responsable des trois pays européens parties à cet accord (Allemagne, France et Grande-Bretagne) à venir à Téhéran depuis l’ultimatum posé en janvier par Donald Trump à propos de ce texte présenté par ses partisans comme le meilleur moyen d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique.

Le président américain, pour qui il s’agirait d’un des pires accords jamais accepté par les Etats-Unis, a donné jusqu’au 12 mai aux Européens pour remédier aux « terribles lacunes » du texte, faute de quoi Washington en sortira et réintroduira des sanctions contre l’Iran.

Les Etats vendant des armes à l’Arabie saoudite doivent « rendre des comptes »

Pendant que Jean-Yves Le Drian volait vers Téhéran, l’Elysée a annoncé que le président Emmanuel Macron avait demandé à son homologue iranien Hassan Rohani lors d’un entretien téléphonique « d’exercer les pressions nécessaires » sur le régime syrien pour faire cesser les attaques contre la population de la Ghouta orientale, où quelque 400.000 civils assiégés vivent une grave crise humanitaire.

Sans s’étendre sur la question syrienne, la présidence iranienne a rendu compte de l’entretien en indiquant que les Etats vendant des armes à l’Arabie saoudite devraient « rendre des comptes » pour les « crimes de guerre » commis au Yémen. L’Arabie saoudite, à la tête d’une coalition arabe intervenant militairement au Yémen, est l’un des premiers clients à l’exportation pour les industries d’armement françaises.

« Attachement » de la France » à l’accord sur le nucléaire iranien

A Téhéran, Jean-Yves Le Drian « entend poursuivre la voie d’un dialogue franc et exigeant avec l’Iran », a déclaré dimanche la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès von der Mühll, soulignant que le ministre va rappeler « l’attachement » de la France » à l’accord international sur le nucléaire iranien, conclu en 2015.

Sa remise en cause ouvrirait la porte à la prolifération nucléaire dans une région déjà très instable et ne ferait qu’encourager la Corée du Nord à aller plus loin dans son programme, craint-on à Paris.

« L’Iran sera toujours soupçonné de vouloir développer l’arme nucléaire »

Jean-Yves Le Drian compte mettre sur la table des sujets sur lesquels l’Iran refuse jusque-là de « négocier » : l’arsenal balistique iranien et l’attitude de l’Iran au Moyen-Orient, que Paris juge de plus en plus « hégémonique ».

La France, à l’unisson de Londres et Berlin, veut convaincre l’Iran de limiter son programme balistique afin que ses missiles ne puissent pas un jour emporter des charges nucléaires. Pour Jean-Yves Le Drian, les « ambitions » de l’Iran dans ce domaine « sont très préoccupantes et contraires à la résolution 2231 » du Conseil de sécurité qui a entériné l’accord nucléaire. Faute d’engagements clairs, « l’Iran sera toujours et avec raison soupçonné de vouloir développer l’arme nucléaire », met-il en garde.

L’Iran a développé des missiles d’une portée de 2.000 kilomètres capables d’atteindre Israël et les bases américaines dans la région, affirmant qu’ils sont purement défensifs et conventionnels. « On a aussi une inquiétude particulière sur les transferts de savoir-faire, de capacités balistiques à des acteurs régionaux », du Hezbollah libanais aux rebelles houthis au Yémen, observe-t-on dans l’entourage du ministre. Le dialogue apparaît difficile. « Nous ne négocierons avec personne sur nos armes », a déjà averti le président Rohani.