VIDEO. L'élection dans l'Alabama, une défaite personnelle et inquiétante pour Donald Trump

ETATS-UNIS Le président américain avait apporté son soutien au républicain Roy Moore, accusé d'attouchements sur mineures...

Philippe Berry
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Donald Trump à la Maison Blanche.
Donald Trump à la Maison Blanche. — Evan Vucci

Il a été beau joueur. Mardi soir, après la défaite du républicain Roy Moore dans l’Alabama, Donald Trump a félicité le démocrate Doug Jones pour sa victoire obtenue « après s’être bien battu ». Mais pour le président américain, il s’agit d’un échec personnel.

Contre l’avis de tous, y compris de sa fille, il a apporté son soutien à un candidat radioactif, accusé d’attouchements sur des adolescentes dans les années 1970. Surtout, cet exploit galvanise les démocrates et renforce leurs chances de reprendre le contrôle du Congrès l’an prochain, ce qui pourrait être crucial en cas de bataille pour tenter de destituer Donald Trump.

#MeeToo a gagné, Trump a perdu

En un an, le climat a changé. Accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles par 16 femmes, Donald Trump avait réussi à survivre à la tempête en niant farouchement. Mais depuis le scandale Harvey Weinstein, les vannes sont ouvertes, et les témoignages sont pris au sérieux. De nombreux républicains ont pris position contre Roy Moore mais Donald Trump a remis en cause la voix des accusatrices de l’ancien magistrat : « Il nie, il faut l’écouter », avait déclaré le Président.

Les électeurs en ont décidé autrement. 52 % ont estimé que les accusations étaient « sans doute vraies », contre 43 % « sans doute fausses ». Et parmi le premier groupe, 9 électeurs sur 10 ont voté pour le démocrate. Au final, tout s’est joué sur la participation : les Afro-Américains et les jeunes se sont mobilisés en masse tandis que l’électorat blanc et âgé, qui avait porté Donald Trump, a fait défaut à Moore.

De mauvaise augure pour le Congrès

Avec la victoire de Doug Jones, les républicains n’ont plus qu’une majorité d’un siège au Sénat. Cela pourrait peser pour l’agenda législatif du président américain, à commencer par la réforme des impôts. Surtout, une victoire démocrate lors des élections de mi-mandat, dans un an, ne semble plus impossible.

Sur le papier, avec un président impopulaire (37 % d’opinions favorables), les démocrates ont une chance de s’imposer à la Chambre des représentants. Mais la carte électorale du Sénat leur est extrêmement défavorable : il y a une vingtaine de démocrates sortants sur les 30 sièges en jeu. Traduction : les démocrates doivent défendre de nombreux Etats et réussir à créer la surprise dans deux autres où Trump avait gagné par un raz-de-marée. Comme dans l’Alabama. Pour l’instant, quelles que soient les conclusions de l’enquête du procureur Robert Mueller sur la Russie, Donald Trump est intouchable. Avec un Congrès contrôlé par les démocrates, ce serait une tout autre histoire.