Menace nord-coréenne: Comment le Japon se prépare aux pires scénarios
JAPON Alors que le gouvernement met en place un système antimissile et exercices d’évacuation, certains particuliers se font construire des abris antiatomiques…
De notre correspondant à Tokyo,
Branle-bas de combat. Alors que plus un jour ne passe sans que Pyongyang et Donald Trump ne s’invectivent à travers le monde, deux pays voisins du régime de Kim Jong-un redoutent de faire les frais de la surenchère. Le Japon et la Corée du Sud, qui ne disposent pas, eux de l’arme nucléaire, dépendent pour leur protection des Etats-Unis, un allié dont le nouveau président a répété maintes fois pendant la campagne présidentielle son intention de se désengager. L’Archipel nippon a donc commencé à prendre ses précautions.
Le système de défense antimissile Patriot déployé
Samedi, Tokyo a annoncé qu’il déployait son système de défense antimissile Patriot, après l’annonce par la Corée du Nord de son projet de lancer des missiles au-dessus de l’archipel en direction de l’île américaine de Guam.
Selon la chaîne de télévision publique japonaise NHK, le ministère de la Défense a commencé les opérations de déploiement à Shimane, Hiroshima et Kochi, trois départements de l’ouest du Japon. Le déploiement devait aussi avoir lieu à Ehime, également dans l’Ouest. D’après l’annonce faite par Pyongyang, ces localités pourraient se trouver sur la trajectoire de missiles nord-coréens.
Des images télévisées montraient samedi des véhicules militaires transportant avant l’aube des lanceurs et d’autres composants du système antimissile dans la base entrant dans une base militaire à Kochi. Il n’y a pas eu immédiatement de déclaration officielle sur ce déploiement. Mais le gouvernement japonais s’est auparavant engagé à abattre les fusées ou missiles nord-coréens qui menaceraient son territoire.
Une demande jamais vue pour les abris antiatomiques
Les particuliers aussi veulent prendre les devants. « Les gens ont vraiment peur. C’est pour ça qu’on reçoit autant d’appels », expliquait le mois dernier Seiichiro Nishimoto à l’agence Bloomberg. Sa société basée à Osaka (ouest du Japon), qui installe des abris antiatomiques importés d’Israël, a reçu une douzaine de commandes en mai et juin. Oribe Seiki Seisakusho, une autre entreprise, déclare au Guardian avoir eu sur cette période deux fois plus de commandes que pendant toute l’année 2016. Certains fabricants et installateurs de ces refuges de la dernière chance ont même dû mettre en place un système de listes d’attente, rapporte The Independent.
Des clients nippons ont donc décidé de se tourner vers des fabricants américains. « C’est la folie au Japon », déclare le propriétaire de Atlas Survival, une société basée en Californie qui propose une gamme d’une dizaine de refuges souterrains habitables six mois à un an. Même constat chez Rising S Co., basé au Texas, qui dit avoir vu ses commandes doubler au cours des trois premières semaines de juillet. Huit sur dix environ proviendraient du Japon.
Spot télévisé et exercice d’évacuation
Depuis quelques mois, le Japon a également multiplié les exercices d’évacuation, dans un contexte de tensions croissantes autour de la péninsule coréenne. Le premier a été réalisé à Oga, une ville côtière du nord du Japon, en mars dernier, moins de deux semaines après le tir par Pyongyang de plusieurs engins en direction de l’archipel nippon, dont trois étaient tombés au large de cette agglomération de près de 29.000 habitants. Officiellement, l’entraînement était prévu de longue date, mais il a été régulièrement suivi d’autres : fin août, 12 villes japonaises au total auront organisé de tels exercices.
Le gouvernement tente par ailleurs de sensibiliser les habitants au risque, alors qu’un missile nord-coréen pourrait atteindre le Japon en sept à huit minutes. Il a commencé à diffuser à la télévision un spot de 30 secondes, qui explique comment se mettre en sécurité en cas d’alerte : se réfugier en sous-sol ou dans des bâtiments robustes, se coucher au sol en se protégeant la tête si on est à découvert, et enfin s’éloigner des fenêtres. Des gestes que tous espèrent n’avoir jamais à pratiquer en situation réelle.