Attentat de Manchester: Trois questions sur l’opération anti-terroriste «Temperer» déclenchée au Royaume-Uni
TERRORISME Quelques détails de ce plan avaient fuité en 2015…
- L'armée britannique va se déployer au Royaume-Uni après l'attentat de Manchester
- L'opération «Temperer» avait été dévoilée en 2015
- Le sujet reste très sensible pour les Britanniques
Une décision forte. Après l’attaque qui a frappé Manchester lundi soir, la Première ministre britannique Theresa May a annoncé mardi que le centre d’analyse du terrorisme (JTAC), organisme indépendant, avait décidé d’élever le niveau d’alerte de « sévère » à « critique », du jamais vu depuis dix ans.
En conséquence, « la police a demandé l’aide de militaires armés en renfort des officiers armés, a annoncé Theresa May. Cette requête fait partie d’un plan bien établi, connu sous le nom d’opération Temperer ».
D’où vient ce plan ?
Après les attaques qui ont frappé Paris en janvier 2015, les services britanniques se concertent pour élaborer une tactique en cas d’attentats multiples au Royaume-Uni. Le 25 juillet 2015, le Daily Mail révèle l’existence et le nom du plan, à la suite d’une fuite sur un site gouvernemental. A l’époque, le quotidien affirme que « plus de 5.000 militaires lourdement armés pourraient être déployés dans les villes ».
Que prévoit l’opération Temperer ?
D’après la secrétaire d’Etat britannique à l’Intérieur (équivalent du ministre en France), Amber Rudd, un maximum de 3.800 soldats pourra être déployé « en support » de la police. Un chiffre relativement restreint, à comparer aux 7.000 soldats de l’opération Sentinelle en France.
Selon le site de la chaîne britannique Itv, « les soldats pourront être positionnés à des points-clés, comme des gares ou des aéroports. » Ce déploiement sera strictement encadré. « Quelles que soient les circonstances, les militaires seront sous le contrôle des officiers de police » a affirmé Theresa May mardi. Ce mercredi, des militaires ont commencé à se déployer aux abords du Parlement à Londres.
Pourquoi la présence de militaires armés dans les rues est-elle si sensible au Royaume-Uni ?
« Seulement 7 % des policiers sont armés au Royaume-Uni, explique Vincent Latour, professeur des universités en civilisation britannique à Toulouse-Jean-Jaurès. Les Britanniques ne sont pas habitués à voir des policiers en patrouille avec des armes, contrairement en France. » La présence de l’armée dans les rues renvoie « à un précédent très important, le conflit nord-irlandais, qui a fait plus de 3.500 morts en trente ans » rappelle le spécialiste.
Ainsi, même après les attentats de 2005 à Londres qui avaient fait 56 morts, le gouvernement de l’époque n’avait pas procédé à un déploiement massif de l’armée, conscient de la polémique qui pourrait naitre. Comme le rappelle le Daily Mail, « il y avait eu un véritable tollé en 2003 quand des tanks avaient été positionnés à l’aéroport d’Heathrow après des craintes de détournements d’avions ».