Algérie: Un centre de désintox prend en charge les « accros » à Internet

SANTE « C’était une drogue. Je ne pouvais pas décrocher tout seul », raconte un patient…

20 Minutes avec agence
Une jeune fille derrière son ordinateur, en août 2007
Une jeune fille derrière son ordinateur, en août 2007 — LEVY BRUNO/SIPA

Facebook, Instagram ou Twitter, le Web devient une drogue pour certains internautes. Le Cisa (Centre intermédiaire de soins en addictologie) de Constantine les accueille cinq jours par semaine à 450 km à l’est d’Alger (Algérie), pour les aider à décrocher.

Cet endroit est le premier du genre en Afrique, et le troisième dans le monde après la Corée du sud et la Chine, précise son directeur Raouf Boughefa. Ouvert en 2012 à toutes les addictions, le centre reçoit des patients accros à Internet depuis l’année dernière.

« J’avais des migraines terribles »

Les malades de 13 à 63 ans reçoivent une thérapie de soutien moral, avec des exercices de relaxation pour combattre le manque. Les médecins traitent le déni par la thérapie cognitive et comportementale, en écoutant leurs patients raconter leur journée.

« J’avais des migraines terribles à cause de l’écran et mon acuité visuelle a diminué », relate Fayçal, un patient de 48 ans. L’homme n’avait plus ni appétit, ni vie sociale ni travail. « C’était une drogue. Je ne pouvais pas décrocher tout seul », avoue-t-il.

Dessin, ergothérapie et bibliothèque

Le praticien aide ensuite le malade à « prendre conscience de son addiction puis à changer de comportement », explique Sihem Hemadna, psychologue. Au programme pour le patient, deux séances personnelles de 45 minutes par semaine.

S’ajoute ensuite la séance de thérapie de groupe une fois par semaine. Le reste du temps, les accros à internet peuvent participer à un atelier de dessin, une séance d’ergothérapie ou accéder librement à la bibliothèque.

Sensibilisation et prévention

Il faut en moyenne entre six mois et un an aux malades pour guérir. Hors travail, plus de 38 heures de connexion par semaine indique une addiction. « Près de 80 % des signes d’addiction à internet et à la drogue sont similaires », relève Sihem Hemadna.

Les praticiens du Cisa regrettent l’absence d’études épidémiologiques sur cette addiction, qui n’est pas considérée comme une maladie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ils prônent la sensibilisation et la prévention pour lutter contre le phénomène.