La Corée du Sud ferme son plus grand marché de viande de chien en vue des JO 2018

ALIMENTATION Le marché aux chiens de Moran est tristement célèbre pour ses conditions de détention et d'exécution des animaux...

Noémie Seguin
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Chiens détenus sur le marché de Moran en 2002 et destinés à la consommation.
Chiens détenus sur le marché de Moran en 2002 et destinés à la consommation. — YOUNG HO/SIPA

Alors que la Corée du Sud est soucieuse de soigner son image à l’approche des Jeux Olympiques d’hiver, qui se tiendront à Pyeongchang en février 2018, les autorités locales ont réussi à obtenir la fermeture du marché de Moran, situé dans la ville de Seongnam, près de Séoul, rapporte The Guardian.

Le marché de Moran vendait plus de 80.000 chiens par an

L’endroit fournissait un tiers de la viande de chien consommée en Corée du Sud, depuis les années 1960. Un mets très prisé dans le pays, où les industriels du secteur affirment qu’elle peut améliorer la virilité des hommes, mais aussi aider à combattre la fatigue.

Un accord avait été trouvé à la mi-décembre avec les 22 vendeurs de viande du marché, en échange d’une aide financière, pour qu’ils cessent leur commerce. « Seongman prend l’initiative de transformer l’image de la Corée du Sud », avait expliqué à l’époque Lee Jae-Myung, la maire de la ville, avant de citer Ghandi : « La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés par la manière dont elle traite les animaux ».

Un marché où la maltraitance animale n’était plus à démontrer

Les conditions de détention et d’exécution des animaux, qui y étaient enfermés en cages et battus, avant d’être électrocutés ou pendus pour être mis à mort, valait au marché d’être très régulièrement pointé du doigt par des associations de lutte pour la cause animale. Comme l’explique The Guardian, les vendeurs de chiens sud-coréens ont profité, pendant des décennies, d’une « zone grise » sur le plan législatif dans le domaine de l’abattage et du commerce des canidés, auquel les lois d’hygiène ne s’appliquent pas.

Si les défenseurs des animaux peuvent aujourd’hui crier victoire, la fermeture des lieux ne se fait toutefois pas sans encombres. Plusieurs des maraîchers réclament davantage de compensations financières que ce qu’établissait l’accord conclu il y a quelques semaines. « Près de 80 % de nos clients viennent dans nos magasins pour acheter de la viande de chien fraîche, donc que vont-ils faire si nous ne pouvons pas leur fournir ? Le gouvernement va-t-il nous payer ? », a ainsi fait valoir un vendeur de Moran auprès du journal Korea Herald. Les autorités locales ont aussitôt assuré aux maraîchers qu’ils recevraient un soutien financier pour ouvrir de nouveaux commerces.

Un possible boycott des JO ?

Cette fermeture est un enjeu de taille pour la Corée du Sud. Les critiques internationales sur la consommation de viande canine se sont intensifiées depuis la Coupe du monde de football de 2002 organisée conjointement par le pays et le Japon. Des pétitions en ligne ont été lancées appelant au boycott des prochains Jeux olympiques si le pays ne bannit pas cette pratique.