Monténégro: La Russie accusée d'avoir appuyé une tentative de coup d'Etat

MONTENEGRO La tentative de complot avait pour objectif d'empêcher l'adhésion du Monténégro à l'Otan...

M.C. avec AFP
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Le nouveau Premier ministre monténégrin Dusko Markovic s'exprime devant le Parlement, le 28 novembre 2016.
Le nouveau Premier ministre monténégrin Dusko Markovic s'exprime devant le Parlement, le 28 novembre 2016. — Savo PRELEVIC / AFP

Le putsch avorté aurait été fomenté pour empêcher l’adhésion du pays à l’Otan. Le procureur spécial monténégrin a affirmé dimanche que des organes d’Etat russes étaient impliqués dans la tentative de complot déjouée le jour des législatives en octobre dernier au Monténégro, ce que confirment des sources britanniques citées par The Telegraph.

« Jusqu’à maintenant, nous avons eu des preuves que les structures nationalistes de Russie sont derrière [le complot], mais désormais aussi [celles indiquant] que les organes d’Etat russes sont impliqués à un certain niveau », a déclaré le procureur Milivoje Katnic dans une interview accordée à plusieurs médias locaux.

Une « campagne de plus en plus agressive » de la Russie

Le parquet monténégrin soupçonne au total 25 personnes, essentiellement des ressortissants serbes et deux Russes, d’avoir préparé le mystérieux coup d’Etat le 16 octobre, jour des législatives. C’est l’un des exemples récents les plus flagrants d’une « campagne de plus en plus agressive » de la Russie pour tenter interférer dans les affaires occidentales, affirmeraient des sources au sein du gouvernement britannique.

Les comploteurs présumés auraient, selon le parquet, projeté d’entrer par la force dans le parlement pour proclamer la victoire d’une coalition de l’opposition prorusse, le Front démocratique, et de s’emparer de Milo Djukanovic, voire de le tuer. Homme fort du Monténégro depuis le début des années 1990, Djukanovic reste aux yeux de l’opposition le véritable patron du pays, même s’il a abandonné fin 2016 le poste de Premier ministre à son lieutenant Dusko Markovic. Le Kremlin a de son côté nié toute « implication de la Russie dans une tentative d’attentat contre Djukanovic », selon le média russe Sputnik.

Le parquet doit interroger lundi deux députés de l’opposition prorusse

Une quinzaine de suspects ont été arrêtés par les autorités monténégrines, alors que les deux ressortissants russes, soupçonnés d’avoir été les organisateurs, sont recherchés par la justice locale. Il s’agit, selon le procureur, d’Eduard Sismakov, qui était en 2014 « l’adjoint de l’attaché militaire russe en Pologne » et qui opérait dans ce complot sous le nom d’Eduard Shirokov, ainsi que d’un certain Vladimir Nikolaïevitch Popov. Selon le parquet, l'« unique motivation de ces structures » était d'« empêcher le Monténégro d’entrer dans l’Otan ».

« Les services de renseignement des pays amis en Europe, et notamment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, ont aidé le Monténégro » dans l’enquête, a également dit Milivoje Katnic, qui affirme avoir appelé les autorités russes à enquêter sur les « structures » russes qui auraient participé au complot.

Quatre ressortissants serbes ont plaidé coupables et ont été condamnés pour leur participation au complot. Un cinquième, Aleksandar Sindjelic, un nationaliste serbe, a été présenté par le procureur spécial comme un « témoin crucial » du parquet. Le parquet doit interroger lundi deux députés de l’opposition prorusse, Andrija Mandic et Milan Knezevic, soupçonnés d’avoir trempé dans le putsch, mais qui ont nié toute implication.