Attentat à Berlin: «On était venus ici en pensant que c’était plus sûr qu’à Paris»

ALLEMAGNE Les témoins décrivent la scène d’horreur, lorsque le poids lourds a fauché des dizaines de personnes...

M.C. avec AFP
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Pompiers et policiers au marché de Noël où un camion a foncé dans la foule à Berlin, le 19 décembre 2016.
Pompiers et policiers au marché de Noël où un camion a foncé dans la foule à Berlin, le 19 décembre 2016. — Michael Sohn/AP/SIPA

Les cris alors que le véhicule fonçait dans la foule et les stands, et dans le même temps le silence qui tombe sur ce marché de Noël de Berlin. Jan Hollitzer, un journaliste du quotidien local Berliner Morgenpost, décrit l'horreur ressentie lundi, lorsqu'un poids lourd a tué au moins douze personnes et en a blessé 48 autres, selon la police, qui penche pour la thèse de l’attentat.

« Il n’a pas cherché à s’arrêter, il a juste continué à rouler ! », témoigne un touriste, réalisant encore mal ce qu’il vient de vivre. Il n’a pas le temps de continuer son récit, la police l’éloigne rapidement des journalistes venus sur les lieux du drame. 

Les témoignages décrivent tous une même scène d’horreur. « On est arrivés juste après et il y avait tous ces gens par terre », raconte une étudiante tunisienne, encore sous le choc. « Je ne me sens plus en sécurité ici », ajoute-t-elle. Un film vidéo tourné juste après les faits montre l’ampleur du drame : stands du marché de Noël renversés ou écrasés, badauds étendus sur le sol.

« Un grand "boum" et les gens devant moi se sont jetés sur moi »

Au moment où le drame s’est produit, vers 20h, le marché était noir de monde, comme tous les marchés de Noël de la capitale allemande à quelques jours des fêtes. Mais celui-ci est l’un des plus visités. Il est situé près de l’Eglise du Souvenir de l’empereur Guillaume, en grande partie détruite lors des bombardements de la Deuxième guerre mondiale, et dont les ruines constituent une sorte de mémorial.

« Nous étions assis derrière un stand en train de boire du vin chaud lorsqu’il y a eu soudain un grand "boum" et les gens devant moi se sont jetés sur moi », raconte une Australienne, Trisha O’Neill, à la chaîne de télévision Australian Broadcasting Corporation. « J’ai juste vu ce gigantesque camion noir qui a foncé à travers le marché et renversé tellement de gens, puis toutes les lumières se sont éteintes et tout était détruit », témoigne-t-elle. Il y avait « du sang et des corps partout », y compris d’enfants et de personnes âgées, ajoute-t-elle, disant avoir « éclaté en sanglots ».

«On pensait que c’était plus sûr qu’à Paris »

« C’est horrible. On est venus fêter Noël à Berlin en pensant aussi que c’était plus sûr qu’à Paris », dit pour sa part une touriste américaine d’une quarantaine d’années, Kathy Forbes. « On était au restaurant pas loin d’ici et on n’osait pas rentrer tant que le conducteur était en liberté, maintenant on va regagner l’hôtel », dit-elle.

Une dizaine de passants, dont aucun n’était présent au moment de l’attaque, se pressent près des cordons de police. Certains filment, sourire aux lèvres, et font un direct avec leur téléphone portable via les réseaux sociaux, alors que la police a pourtant invité le public à ne pas partager de scènes vidéo sur ces événements via internet. D’autres se recueillent en silence, les larmes aux yeux.

« C’est le pire des scénarios possibles, cela envoie le signal dans le monde entier que tout cela peut se passer n’importe où », lance un Allemand d’une trentaine d’années, qui travaille dans un service de sécurité. Si la piste de l’attentat se confirme, il s’agira du premier de cette ampleur dans le pays.