L'UE et le Canada ont signé le CETA... le plus dur commence

ECONOMIE Le traité doit maintenant être ratifié par le Parlement européen, sans doute en décembre ou en janvier, et celui du Canada avant d'entrer en application partielle et provisoire…

20 Minutes avec AFP
Justin Trudeau, premier ministre canadien, enlace Cecilia Malmstrom , commissaire européenne au  commerce, le 30 octobre 2016 à Bruxelles.
Justin Trudeau, premier ministre canadien, enlace Cecilia Malmstrom , commissaire européenne au commerce, le 30 octobre 2016 à Bruxelles. — AFP

L'UE et le Canada ont signé dimanche à Bruxelles après un retard dû à de vifs désaccords entre Belges. Mais le plus difficile commence: sa ratification obligatoire par chacun des différents parlements des pays de l'Union.

«On avait planifié de signer cet accord y a trois jours, on le signe aujourd'hui», a commenté le Premier ministre canadien . «Ca ne fait pas une énorme différence dans l'impact économique que ça va avoir pendant des décennies, de façon positive, sur tous nos citoyens», s'est félicité Justin Trudeau, venu parapher l'accord à Bruxelles.


« Le libre-échange est dans leur intérêt »

«Il nous faut être capables de convaincre nos citoyens que le libre échange est dans leur intérêt, et pas seulement dans celui des grosses entreprises», a plaidé à ses côtés le président du Conseil de l'Union européenne, Donald Tusk, laissant le soin au président de la Commission Jean-Claude Juncker de régler quelques comptes avec les opposants au CETA.

«J'étais quelquefois vexé qu'on ait pu penser, en Europe, que nous sacrifierions sur l'autel de cet accord les droits des travailleurs», a observé Jean-Claude Juncker avec un brin d'émotion dans la voix.

«Je trouve impertinent qu'on s'imagine que les principaux représentants du monde démocratique seraient en train de menacer la démocratie», a-t-il argué à propos de cette énième crise de l'UE, déjà ébranlée par le Brexit, la crise des migrants et le terrorisme.

Des désaccords chez les Belges

Le CETA, qui vise essentiellement à supprimer les droits de douane avec un pays ami, représentant 1,6% de ses importations et 2,0% de ses exportations, a fait face ces derniers jours à un emballement politique et une dramatisation des enjeux entourant sa signature.

Pendant plusieurs jours, les discordes entre le parlement de Wallonie, région francophone de Belgique (3,6 millions d'habitants), et le gouvernement fédéral belge, 

Devenus porte-voix des opposants au CETA, les Wallons redoutaient ses conséquences sur leur agriculture, le droit du travail et les normes environnementales. Ils s'inquiétaient surtout de la possibilité laissée à une multinationale d'attaquer un Etat qui adopterait une politique publique contraire à ses intérêts.

Trudeau prêt à sauter dans l’avion

Un «compromis à la belge» est finalement tombé jeudi : de modestes avancées, dont l'annonce par la Belgique qu'elle demandera à la Cour de justice de l'UE de vérifier la conformité de ce tribunal avec le droit européen.

Mais «la substance du traité n'a aucunement changée», a insisté dimanche Jean-Claude Juncker. «Quelle patience !», a-t-il ensuite lancé à l'arrivée de Justin Trudeau, peu après midi, au siège du Conseil. «Les choses difficiles sont difficiles, mais on a pu réussir», lui a répondu le Canadien, 

A l'extérieur du bâtiment, quelques dizaines de manifestants scandaient des slogans hostiles au CETA et brandissaient des pancartes - «Citoyens avant multinationales» -, au son de tambours. Ils ont aussi lancé de la peinture rouge.

« Un accord moderne et progressiste »

Le traité doit maintenant être ratifié par le Parlement européen, sans doute en décembre ou en janvier, et celui du Canada avant d'entrer en application partielle et provisoire.

L'UE fera alors face à une autre montagne: sa nécessaire ratification par les différents Parlements nationaux et régionaux de ses Etats membres, afin qu'il devienne définitif. Une tâche qui, à la lumière du psychodrame belge, s'annonce délicate.


«Après les dernières semaines, nous devons être très prudents», a concédé Donald Tusk. «Mais je suis sûr que l'application provisoire du traité sera la meilleure forme d'éducation», a-t-il ajouté, assurant que le CETA était «l'accord de libre-échange le moins controversé qu'on puisse imaginer.»

Le CETA est «un accord moderne et progressiste, ouvrant la porte à de nouvelles opportunités, tout en protégeant les intérêts importants», avait pour sa part affirmé vendredi Robert Fico, le Premier ministre slovaque, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.