Gabon: La Cour constitutionnelle valide la réélection du président Ali Bongo

ELECTION L'ambassade de France a recommandé à la communauté française sur place «d'éviter tout déplacement jusqu'à nouvel ordre»...

B.D. avec AFP
La Cour constitutionnelle du Gabon et sa présidente, Marie-Madeleine Mborantsuo (C), prennent place avant une audience à Libreville, le 22 septembre 2016.
La Cour constitutionnelle du Gabon et sa présidente, Marie-Madeleine Mborantsuo (C), prennent place avant une audience à Libreville, le 22 septembre 2016. — STEVE JORDAN / AFP

La Cour constitutionnelle gabonaise a validé dans la nuit de vendredi à ce samedi la réélection du président Ali Bongo Ondimba, en rejetant . La Cour, tout en modifiant partiellement les résultats du scrutin du 27 août, a indiqué qu'Ali Bongo gardait une avance sur son rival, qui s'était proclamé élu après l'élection. Lors de l'audience à Libreville, dans une salle quasiment déserte, la Cour a indiqué qu'Ali Bongo avait recueilli 50,66% des suffrages contre 47,24% à Jean Ping.

«J'appelle tous les responsables politiques, y compris les candidats malheureux à l'élection du 27 août, à un dialogue politique», a déclaré dans une allocution télévisée Ali Bongo, 57 ans, , resté au pouvoir 41 ans. Un dispositif policier et militaire très important était déployé dans le centre de la capitale, qui semblait calme et où aucun acte de violence n'avait été signalé peu avant 3h, heure française.

Déclaration attendue de Jean Ping

Jean Ping, ancien cacique du régime passé dans l'opposition, demandait notamment un recomptage des bulletins de vote dans la province du Haut-Ogooué. Dans ce fief familial de la famille Bongo, le président sortant avait obtenu, selon les résultats de la commission électorale qui ont mis le feu aux poudres le 31 août, 95% des voix pour 99% de participation, lui garantissant au plan national une avance de quelque 5.000 voix sur Jean Ping, sur un peu plus de 325.000 électeurs.

«Nul ne peut contester le fait que Jean Ping a largement gagné cette élection», a réagi son porte-parole Jean Gaspard Ntoutoume Ayi après l'annonce de la Cour, ajoutant que Jean Ping ferait une déclaration ce samedi matin. Le 31 août, la  avait   et des pillages massifs à Libreville et dans plusieurs villes de province,   plutôt habitué à la paix civile.

L'exécutif a mis en garde dès mercredi Jean Ping qu'il serait arrêté s'il franchissait «la ligne rouge» dans l'hypothèse où il n'obtiendrait pas gain de cause en justice. Un ancien patron du renseignement, Léon-Paul Ngoulakia, par ailleurs cousin du président Bongo Ondimba, récemment passé à l'opposition, a été interpellé à Libreville, a-t-on appris de sources concordantes.

«Eviter tout déplacement»

Rangée derrière Jean Ping, ex-enfant chéri du régime de feu le président Omar Bongo, une partie des électeurs veut mettre un terme au règne de la même famille au pouvoir depuis 1967. «Ali doit partir», scandent les opposants à l'intention d'Ali Bongo. Signe de nervosité, des files d'attente se sont formés vendredi devant des banques et des guichets automatiques dans la matinée à Libreville.

«On est dans la psychose, on a peur», a expliqué Jean Rodrigue Boukoumou, enseignant rencontré devant les grilles d'une banque qui ouvraient par intermittence. «On veut prendre notre argent pour pouvoir faire nos provisions. Nous avons des familles à nourrir si jamais le pays se retrouvait dans une situation de chaos». Dès la mi-journée, les rues de Libreville se sont vidées.

«Dès la proclamation des résultats, il vous est demandé d'éviter tout déplacement jusqu'à nouvel ordre», a indiqué l'ambassade de France sur son site, dans un message à la communauté française, qui compte environ 10.000 personnes sur place. Sous pression maximale, la présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo, avait laissé entendre que la décision pouvait être rendue vendredi, à l'issue d'une séance publique jeudi où les avocats de MM. Bongo et Ping ont procédé à une dernière passe d'armes.

Face aux neuf juges constitutionnels, le conseil de Jean Ping, Jean-Rémy Bantsantsa, avait plaidé pour le recomptage des voix dans le province du Haut-Ogooué, bureau par bureau, en présence d'experts internationaux. «Il n'y a pas dans notre pays un droit pour le Haut-Ogooué et un droit pour les autres provinces», avait rétorqué l'avocat d'Ali Bongo Francis Nkea. Jean Ping a aussi profité d'un vote «familial et communautaire» dans son village natal d'Etimboué, avait fait valoir la partie adverse.