Taïwan tire accidentellement un missile vers la Chine et touche un de ses propres chalutiers

OUPS Le capitaine du chalutier de 60 tonnes a été tué et trois autres membres d’équipage ont été blessés...

Clémence Apetogbor
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Illustration chalutier
Illustration chalutier — John Grainger/Newspix //REX/SIPA

Taïwan a lancé par erreur ce vendredi un missile supersonique « tueur de porte-avions » en direction… de la Chine. L’engin, tiré depuis un bâtiment de guerre taïwanais, s’est abattu sur un chalutier taïwanais faisant un mort, a annoncé la marine de l’île.

Excuses

Le Hsiung-feng III, un missile développé à Taïwan d’une portée de 300 kilomètres, a volé sur à peu près 75 kilomètres avant de toucher un bateau de pêche au large de Penghu, archipel contrôlé par Taïwan dans le détroit de Formose.

Le capitaine du chalutier de 60 tonnes a été tué et trois autres membres d’équipage ont été blessés.

Le porte-parole du ministère de la Défense Chen Chung-Chi a présenté ses « excuses » et « condoléances » aux familles des victimes.

L’engin a été tiré aux alentours de 8h10 (00h10 GMT) pendant un exercice à partir d’un bâtiment de 500 tonnes amarré dans une base navale à Tsoying, une ville du sud de Taïwan, en direction de la Chine, au moment où les relations entre l’île et Pékin se détériorent.

Une erreur humaine ?

Le missile a traversé le chalutier sans exploser et sans le couler.

La marine n’était pas en mesure d’expliquer comment ce missile avait pu être tiré, laissant entendre cependant qu’il pourrait s’agir d’une erreur humaine.

« Notre enquête initiale a déterminé que cette opération n’a pas été menée conformément à la procédure normale », a déclaré à la presse le vice-amiral Mei Chia-shu.

L’incident a été signalé par la marine à la Conférence de sécurité nationale, le principal organe chargé de la sécurité. Mais le Conseil taïwanais des affaires continentales, l’organisme chargé de la politique chinoise, s’est refusé à préciser s’il avait été signalé à Pékin.

Des relations tendues

Les relations entre Pékin et Taiwan, que la Chine considère comme faisant partie de son territoire, se sont considérablement refroidies depuis la victoire écrasante à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-Wen, issue du Parti démocratique progressiste (PDP), mouvement aux positions traditionnellement indépendantistes, élue en janvier et investie en mai.

La Chine vient d’annoncer que les communications avec Taïwan étaient suspendues, le nouveau gouvernement de l’île n’ayant pas reconnu le concept d'« une seule Chine », compromis de 1992 qui réserve à chaque partie le droit de l’interpréter comme elle l’entend.

L’ancienne Formose suit sa propre destinée depuis 1949, quand les nationalistes du Kuomintang s’y étaient réfugiés après avoir été vaincus par les communistes de Mao Tsé-toung.

« Cet événement souligne l’importance de la communication entre les deux parties (…) afin de réduire l’éventualité d’une erreur de jugement », a commenté le professeur Alexander Huang de l’Université Tamkang. « Devons nous attendre que quelque chose de gros se produise ? »