«L'Amérique d'abord», la politique étrangère «du XIXe siècle» de Donald Trump

ETATS-UNIS Le leader républicain a dévoilé sa vision isolationniste et protectionniste des relations internationales...

Philippe Berry
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Donald Trump, favori des primaires républicaines aux Etats-Unis, à Washington le 27 avril 2016
Donald Trump, favori des primaires républicaines aux Etats-Unis, à Washington le 27 avril 2016 — Brendan Smialowski AFP

Donald Trump a passé son grand oral. Depuis un hôtel de Washington, le leader de la primaire républicaine a dévoilé sa philosophie en matière de politique étrangère. C’est donc « l’Amérique d’abord », un slogan piqué à l’isolationniste Charles Lindbergh, opposé à l’intervention américaine pour combattre le nazisme.

« Ma politique étrangère placera toujours les intérêts des Américains et la sécurité de l’Amérique avant toute autre chose », a déclaré Trump. Au cours d’un discours de 40 minutes souvent incohérent malgré le téléprompteur, il a promis de détruire Daesh sans fournir de détails, menacé de quitter l’OTAN si les alliés de l’Amérique n’augmentaient pas leur participation financière, et juré de revenir sur les accords de libre-échange négociés par ses prédécesseurs – y compris les républicains George W. Bush et Ronald Reagan.

« Une vision de l’Amérique du XIXe siècle »

« Le protectionnisme et l’isolationnisme sont des positions très minoritaires au sein du parti républicain depuis la Seconde Guerre mondiale », analyse pour 20 Minutes Thomas Wright, directeur de recherche au Brookings Institute. Selon lui, « en s’opposant aux alliances traditionnelles, Donald Trump a une vision de la politique étrangère américaine du 19e siècle ».

Selon Donald Trump, « le monde est en paix et prospère quand l’Amérique est forte ». Daniel Drezner, professeur de relations internationales à Tufts Unitersity, résume sa philosophie, qui tient de la « théorie de la stabilité hégémonique », selon laquelle la présence d’une super-puissante est un facteur de stabilité mondiale.

Un populisme qui résonne dans l’électorat

Trump promet de rompre avec la doctrine interventionniste de George W. Bush. « Nous arrêterons le nation building [construction de nation] », jure-il. Selon lui, les interventions en Irak et en Libye ont créé « un chaos mondial qui a permis l’ascension de Daesh ». « Comment pouvons-nous sécuriser le Moyen-Orient quand nous sommes incapables de contrôler notre propre frontière ? », insiste-t-il.

Ce discours « America First » résonne avec l’électorat républicain en colère, qui estime qu’en jouant au policier mondial, les Etats-Unis délaissent leurs intérêts domestiques. Donald Trump écorche peut-être la prononciation de la « Tanzanie » mais « il prononce correctement le seul mot qui compte : Amérique », résume sur Twitter l’ancien candidat républicain Newt Gingrich. Hillary Clinton va devoir prouver que son statu quo est une meilleure solution.