Destitution de Rousseff: La politique à la brésilienne, ça n'a rien à voir avec ce que vous connaissez

BRESIL Les parlementaires et le peuple brésilien ont assuré le spectacle dimanche, à l’occasion du vote sur la destitution de Dilma Rousseff…

Nicolas Beunaiche
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Des députés tentent de se battre lors du vote sur la destitution de Dilma Rousseff, à Brasilia, le 17 avril 2016.
Des députés tentent de se battre lors du vote sur la destitution de Dilma Rousseff, à Brasilia, le 17 avril 2016. — EVARISTO SA / AFP

« Ce vote est l’une des choses les plus étranges qui m’aient été données de voir. C’est entre le match de foot, la cérémonie des Oscars et House of Cards. » Ce tweet d’une journaliste américaine couvrant la procédure de destitution de la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, résume bien le sentiment de ceux qui ont découvert la politique brésilienne, dimanche, à l’occasion du vote des députés. Si vous avez raté ça, 20 Minutes vous offre une séance de rattrapage. Préparez le pop-corn.

Bienvenue à Las Vegas

Vous imaginez Henri Guaino, Eric Woerth et David Douillet organiser les paris sur le nombre de voix que va recueillir la motion de censure contre le gouvernement ? Nous non plus. Au Brésil, c’est possible. Alors que se profilait le vote sur la destitution de Dilma Rousseff, les députés de l’opposition ont mis en place un petit jeu. Pour environ 25 euros, les élus pouvaient miser sur le nombre de voix pour et contre. Seuls les pronostics parfaitement exacts étaient récompensés. La morale dans tout ça ? Le député-bookmaker Carlos Manato avait prévenu que si personne ne sortait gagnant de ce jeu, les gains seraient reversés à une œuvre de charité. Ce qui s’est finalement produit. L’honneur est sauf… Non ?

Des députés sur leur 31

Le costard-cravate, c’est bien. Mais ça ne permet pas de sortir du lot quand tous ses voisins sont vêtus de la même manière. Alors certains députés ont ajouté un accessoire. Un drapeau brésilien ou la bannière de son Etat d’origine, par exemple.


La parlementaire de droite Cristiane Brasil (oui oui, c’est son nom) a, quant à elle, choisi d’arborer le maillot de la Seleção, l’équipe de foot du Brésil.

Un autre a sorti le chapeau.


Des justifications improbables

Pour ceux qui n’ont pas suivi, le vote portait sur la destitution de la présidente. Mais certains députés ne l’ont pas entendu de cette oreille. Dimanche, on a ainsi pu entendre des élus justifier leur vote par des motifs aussi brumeux qu’improbables. « Pour ma famille et pour mes fils Sergio et Roberto, je vote pour » la destitution, a dit par exemple Simao Sessim, du Parti progressiste (PP). « Pour mes petits-enfants Arturo et Sofia », a elle aussi avancé Soraya Santos, du parti centriste d’opposition PMDB, poing levé. Un député a profité de son temps d’antenne pour souhaiter un joyeux anniversaire à un membre de sa famille.


D’autres ont évoqué Dieu et Jésus, deux références incontournables dans un pays aussi croyant que le Brésil. A noter, enfin, cette mention de la « paix à Jérusalem ». Comment ça vous ne voyez pas le rapport ?


Une ambiance digne du Maracanã

A côté de la Chambre brésilienne, le Palais-Bourbon est une bibliothèque. Dimanche, la chambre des députés a atteint un niveau sonore du niveau d’un stade de foot. Un petit, tout du moins.


Les insultes ont volé (« bandit », « canaille », « corrompu »), tandis que des élus ont tenté d’en venir aux mains.

Des députés tentent de se battre lors du vote sur la destitution de Dilma Rousseff, à Brasilia, le 17 avril 2016.
Des députés tentent de se battre lors du vote sur la destitution de Dilma Rousseff, à Brasilia, le 17 avril 2016. - EVARISTO SA / AFP

Un élu, vêtu d’une cape, a quant à lui fait exploser un canon à cotillons.


Enfin, les députés de l’opposition ont entonné l’hymne des supporters de l’équipe de football lors de la Coupe du monde 2014: « Je suis brésilien, avec beaucoup de fierté… »

La folie dans les rues

Les parlementaires n’ont toutefois pas le monopole du spectacle. Dans les rues, les Brésiliens ont eux aussi fait le show. Certains se sont massés devant les portes de la Chambre. Chacun des deux camps séparés par une barrière, au cas où.


D’autres se sont rassemblés dans les rues des grandes villes du pays, habillés comme un jour de match.


Un but de Neymar ? Presque.


A la fin de la procédure, des feux d’artifice ont par ailleurs explosé dans le ciel brésilien. Sans que l’on sache bien si le Brésil venait de remporter une victoire…