Le quotidien de plus en plus pénible d'Assange, cloîtré dans une ambassade
WIKILEAKS L'un des avocats du cofondateur de WikiLeaks se dit de plus en plus préoccupé par ses conditions de vie…
L’isolement, la surveillance permanente et de récents problèmes de santé pèseraient de plus en plus sur le quotidien de Julian Assange, coincé depuis trois ans à l’Ambassade équatorienne de Londres pour échapper à l’extradition. A quoi ressemble la vie du cofondateur de WikiLeaks, qui a reçu ce vendredi 5 février, le soutien du Groupe de travail de détention arbitraire des Nations Unies (GTDA) ? A une succession de privations, de plus en plus pénibles, voire « dangereuses pour sa vie », selon Me Christophe Marchand, l’un de ses avocats, qui s’est entretenu avec 20 Minutes.
Surveillance accrue et confinement
Le temps semble bien long à Julian Assange, depuis son arrivée, au mois d’août 2012, à l’Ambassade d’Equateur. En mars 2015, l’activiste confiait ses difficultés lors d’une interview accordée à la radio Europe1 : « La surveillance dont je fais l’objet est illégale. Le fait que tous mes visiteurs soient passés au crible présente des difficultés pour travailler. La vie est difficile bien entendu, par certains côtés. Contrairement à d’autres détenus de droit commun, je n’ai par exemple aucune possibilité d’exercices physiques ».
« Il dispose d’un petit bureau dans lequel il a pu installer un lit et partage un autre espace avec les services de l’Ambassade. En tout, il peut circuler dans une trentaine de mètres carrés. Il n’y a pas de jardin et il n’a plus accès au toit comme à son arrivée. La police britannique a disposé des agents pour qu’il ne puisse pas sortir. Il est confiné, ne peut jamais prendre l’air », a détaillé Me Marchand.
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Rage de dents et insomnies
D’abord placé en prison, puis un temps obligé de se rendre au commissariat tous les matins et à porter un bracelet électronique, l’enfermement plus « diplomatique » dont bénéficie aujourd’hui Julian Assange n’est pas sans conséquence. De peur de se faire arrêter puis extrader en direction de vers la Suède, où il est suspecté d’agression sexuelle et de viol, le cofondateur de WikiLeaks tente de poursuivre son activité professionnelle au sein de l’Ambassade : « C’est compliqué, reconnaît son avocat, mais c’est ce qui le fait tenir ».
Il souffre depuis quelque temps d’une violente rage de dents et de douleurs à l’épaule : « Il a la possibilité d’avoir des consultations médicales, mais son médecin lui a dit qu’il fallait qu’il fasse une radiographie à l’hôpital, or il ne peut pas s’y rendre », déplore son conseil. Julian Assange serait également sujet à des « terreurs nocturnes » et à des insomnies : « Pendant un temps, la surveillance policière était très intrusive. Chaque nuit, des coups étaient portés sur les carreaux de ses fenêtres pour l’empêcher de dormir », dénonce Me Marchand.
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Un tapis de course et un contrôle pour l’alcool
Les visites qui lui sont accordé lui permettent toutefois de maintenir un lien avec le monde extérieur. Selon l’Obs, le réalisateur Ken Loach lui aurait même offert un tapis de course pour qu’il puisse continuer à s’entretenir. Mais la cohabitation avec les services de l’Ambassade s’avère parfois compliquée. En septembre dernier, le site américain de Buzzfeed révélait divers incidents et coups de colères de la part de l’activiste.
Diverses notes internes aux services équatoriens préconisaient même un soutien psychologique ainsi qu’un contrôle de « son accès à l’alcool ». Son avocat tempère : « Il bénéficie d’un soutien psychiatrique et psychologique mais c’est dur ». Me Christophe Marchand est toutefois inquiet : « Je suis Julian Assange depuis un et demi et je lui rends visite toutes les semaines, je vois bien que son état se dégrade ».
#assange speaks, clutching #UNWGAD opinion pic.twitter.com/60HzoRMtn2
— Laura Smith (@LauraSmith_RT) February 5, 2016
Malgré l’avis favorable rendu par le groupe de travail de l’ONU, qui a condamné la « détention arbitraire » imposé au cofondateur de WikiLeaks, la Suède et l’Angleterre ont rejeté en bloc les annonces des Nations Unies. « La balle est désormais dans leur camp », a conclu son avocat.