Quand l'armée dresse des animaux pour en faire des soldats
ARMEMENT Depuis l'antiquité l’homme a utilisé les animaux les plus divers à des fins militaires...
Espionnés par… un dauphin. L’unité navale du Hamas à Gaza a affirmé mercredi qu’il avait capturé il y a plusieurs semaines un dauphin avec de l’équipement d’espionnage opérant pour le compte d’Israël. Les services secrets israéliens ont déjà été accusés à plusieurs reprises d’utiliser des animaux à des fins d’espionnage, même s'ils ont démenti.
Pourtant, les dauphins sont bien utilisés par certains corps d’armée. L’armée américaine dispose ainsi depuis les années 1960 d’une unité de mammifères marins -des grands dauphins donc, mais aussi des otaries de Californie- entraînés à détecter des objets ou des intrus en eaux profondes ou troubles.
Américains et Russes utilisent des dauphins
Les dauphins, grâce à leur sonar et à leurs capacités d’écholocalisation sont ainsi « meilleurs que n’importe quelle machine pour détecter des mines », expliquait en 2014 à National Geographic le directeur du programme de recherche sur les mammifères marins de l’université d’Hawaii Paul Nachtigall. Les otaries quant à elles, avec leur vue perçante, sont « vraiment bonnes pour repérer des objets qui ne sont pas à leur place ». Des dauphins ont été utilisés pendant la guerre du Vietnam et lors de la guerre d’Irak de 2003, et depuis 2009, une vingtaine de grands dauphins et d’otaries patrouillent autour de la base navale de Kitsap-Bangor à Washington.
Mais les Américains ne sont pas les seuls à poursuivre de tels programmes. L’an dernier, après l’annexion de la Crimée par la Russie, cette dernière avait annoncé qu’elle allait relancer et rééquiper l’unité de dauphins de combat entraînés à l’aquarium de Sébastopol, pour la déployer auprès de sa marine. Le programme, lancé dans les années 60, avait été abandonné après la chute du bloc soviétique en 1991.
Depuis l'antiquité déjà
Les animaux les plus divers sont en effet utilisés à des fins militaires depuis l’Antiquité. Les éléphants l’ont ainsi été en Inde (jusqu’à la fin du 18e siècle), dans l’Empire perse, en Chine, au Siam et au Viêt Nam jusqu’aux conquêtes coloniales du 19e siècle. En Europe, leur utilisation s’est aussi développée après la conquête de la Perse par Alexandre le Grand - on se souvient de l’incroyable passage des Alpes par Hannibal avec des éléphants au début de la deuxième guerre punique, en 218 av. J.-C. Pour lutter contre ces chars d’assauts vivants, les Romains utilisaient pour leur part des cochons de guerre, couverts d’une substance enflammée.
Lors de la Première Guerre mondiale, outre les chevaux et les chiens -le plus décoré a été le sergent Stubby, qui repérait les fumées toxiques, les soldats blessés sur le champ de bataille mais a aussi arrêté un espion allemand-, des moutons ont été utilisés pour déminer le terrain (ils le seront à nouveau lors du débarquement en Normandie en juin 1944), ainsi que des pigeons, non seulement comme messagers, mais aussi comme espions, équipés d’un mini-appareil photo. Ils ont également été employés lors de la Seconde guerre mondiale par les Américains -notamment lors du Débarquement, opéré en silence radio- et les Anglais, qui en ont même décoré 32 pour leur participation. Les deux plus célèbres ? G.I. Joe, un pigeon américain, et Paddy, un Irlandais.
Expériences
Lors de la Seconde Guerre mondiale, les Soviétiques ont mené des expériences avec des chiens anti-char, et les Américains un programme de chauves-souris largueuses de bombes, sans trop de succès. La Suède a, elle, utilisé des phoques contre les sous-marins allemands, et une unité de l’armée polonaise avait adopté Voytek, un bébé ours brun, qui adulte, amenait munitions et obus de mortier sur le champ de bataille. Il a pris sa retraite après-guerre au zoo d’Edimbourg, où il est mort en 1963.
Dans les années 70, le MI5 a tenté d’entraîner un groupe de gerbilles pour repérer les terroristes arrivant sur le sol britannique. Israël entraînerait cette unité de souris renifleuses d’explosifs, et utilise, comme toutes les armées modernes des chiens de combat -pour le déminage, le gardiennage de sites sensibles, l’arrestation de suspects…-, dont l’utilisation fait parfois polémique.