L'Allemagne aurait espionné des officiels français et européens pour la NSA
INTERNATIONAL Des hauts donctionnaires français et européens auraient été espionnés depuis la station d'écoute bavaroise de Bad Aibling...
Les services de renseignement allemands ont espionné des «hauts fonctionnaires» français et de la Commission européenne pour le compte de la NSA américaine, selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung à paraître jeudi.
«Le BND (les services de renseignement allemands) a aidé la NSA à faire de l'espionnage politique», écrit le journal, précisant que des écoutes de «hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du Palais de l'Elysée et de la Commission européenne» ont ainsi été réalisées depuis la station d'écoutes bavaroise de Bad Aibling.
Suite à ces révélations, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dit jeudi qu'il comptait sur les autorités allemandes pour faire la lumière sur cette affaire.
L'espionnage industriel ne serait que la pointe de l'iceberg
Depuis lundi, des révélations sur l'espionnage supposé depuis 2008 de firmes européennes par le renseignement allemand pour le compte de la NSA embarrassent le gouvernement de la chancelière Angela Merkel, qui s'est toujours posé en victime de ses alliés américains.
Dans le cas de la surveillance des entreprises, l'espionnage industriel n'a pu avoir lieu que «dans des cas isolés», souligne Süddeutsche Zeitung qui précise que les Etats-Unis cherchaient à l'époque des «informations sur des exportations illégales».
En revanche, affirme le quotidien, citant une source décrite comme digne de confiance et connaissant les procédures au sein du BND, «le cœur (du problème) est l'espionnage politique de nos voisins européens et des institutions de l'Union européenne».
Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maiziere, qui était à l'époque chef de la chancellerie et ne pouvait donc pas ignorer, selon plusieurs médias allemands, les activités du BND, a proposé de s'expliquer la semaine prochaine devant la commission d'enquête parlementaire allemande chargée de faire la lumière sur les pratiques de l'agence américaine.
Le gouvernement allemand nie en bloc
Par ailleurs, le gouvernement est accusé par l'opposition d'avoir menti en déclarant le 14 avril dernier ne rien savoir d'un quelconque espionnage économique par la NSA, dans une réponse écrite au groupe parlementaire du parti de gauche radicale Die Link.
«Je récuse catégoriquement l'affirmation consistant à dire que le gouvernement n'a pas dit la vérité», a déclaré mercredi Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, lors d'une conférence de presse régulière.
L'Allemagne avait été choquée à l'été 2013 par les révélations d'Edward Snowden, ancien consultant de la NSA, selon lesquelles l'agence avait mis en place un vaste système de surveillance des communications des Allemands, jusqu'au téléphone de la chancelière, pendant plusieurs années.