Présidentielle 2016: Rand Paul, le républicain nouveau genre

PORTRAIT Fils du libertarien Ron Paul, le deuxième candidat à l'investiture du Parti républicain a mis de l’eau dans son vin pour mieux rassembler…

B.D. avec AFP
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Le sénateur du Kentucky Rand Paul prononce un discours le 23 mars 2015 à Bowling Green, dans le Kentucky.
Le sénateur du Kentucky Rand Paul prononce un discours le 23 mars 2015 à Bowling Green, dans le Kentucky. — Austin Anthony/AP/SIPA

Il est le deuxième, et certainement pas le dernier. Après Ted Cruz, qui s’est lancé il y a deux semaines, le sénateur Rand Paul a annoncé ce mardi sa candidature à l'investiture du Parti républicain en vue de la présidentielle 2016.

«Je suis candidat à la présidence afin de rendre à notre pays les principes de liberté et d'un gouvernement limité», a indiqué le sénateur du Kentucky sur son site Internet, qui affiche clairement son ambition: «Stand with Rand, defeat the Washington machine» («Avec Rand pour battre la machine de Washington»).

Figure du Tea Party

Cette annonce n'est pas une surprise, et précède le discours qui doit marquer le coup d'envoi officiel de sa campagne à Louisville, dans le Kentucky. Ses équipes ont loué une salle d'un immense hôtel où de grands écrans affichaient «Vaincre la machine washingtonienne, libérer le rêve américain», et le candidat partira ensuite quatre jours de campagne dans les Etats qui voteront en premier aux primaires du début de 2016 -Iowa, New Hampshire, Caroline du Sud et Nevada.

Agé de 52 ans, Rand Paul, est le fils de Ron Paul, ancien représentant du Texas, candidat à l'élection présidentielle de 1988 pour le Parti libertarien -conservateur sur les questions économiques mais libéral sur les questions de société- et qui a par la suite été deux fois candidat à l'investiture du Parti républicain. Ce médecin ophtalmologue, marié depuis 24 ans -sa femme Kelley est «son arme secrète», selon un portrait de Vogue- et père de trois garçons n’a commencé à se faire un prénom en politique qu’en 2009-2010.

Défiant  l'«establishment» républicain et surfant sur la vague du Tea Party et le mécontentement contre Washington, il a réussi à remporter l’investiture face au poulain de la direction du Grand Old Party dans le Kentucky, puis à devenir le premier membre du Tea Party élu sénateur au soir du 2 novembre 2010.

Assouplissements

Fidèle à la tradition libertaire, Rand Paul est en guerre ouverte avec les néoconservateurs de son parti, dénonce l'interventionnisme des années Clinton, Bush et Obama, promeut une réduction massive des dépenses et prélèvements fédéraux et une ligne économique ultra-libérale. Les libertaires saluent sa dénonciation des programmes de surveillance de la NSA, ses propositions de réforme pénale -afin de promouvoir des peines alternatives à la prison-, et sur le cannabis médical.

En politique étrangère, il a longtemps été partisan d'un désengagement américain, allant jusqu'à proposer la suppression de toute aide étrangère, mais il concède désormais une présence à l'étranger des forces armées américaines, y compris de bases militaires permanentes. Pourtant, le libertarien -qui préfère le terme de « conservateur libertaire » ou «constitutionnel»- a depuis peu mis de l’eau dans son vin, proposant une augmentation du budget du Pentagone -alors qu'il dénonçait la gabegie des dépenses militaires américaines-, et se plaçant près de la ligne républicaine traditionnelle sur les questions de société telles que le mariage gay et le droit à l'avortement.

Objectif: être à la fois le candidat des ultraconservateurs du Tea Party et celui du Grand Old Party. Ce «nouveau genre de républicain» peut-il réussir là où son père a échoué à trois reprises? Lui en semble convaincu, citant les sondages qui font de lui, en moyenne et de peu, le meilleur candidat républicain dans un match contre Hillary Clinton. Il l'a encore affirmé récemment sur Fox News: «Personne ne fait mieux que moi contre Hillary Clinton.»