Ukraine: Où en est le plan de paix?

GUERRE Barack Obama doit recevoir Angela Merkel ce lundi tandis qu'à Berlin, les diplomates allemands, français, ukrainiens et russes continuent à négocier...

20 Minutes avec AFP
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Le 2 février 2015, Vladimir Poutine a reçu Angela Merkel François Hollande au Kremlin.
Le 2 février 2015, Vladimir Poutine a reçu Angela Merkel François Hollande au Kremlin. — SIPA

Le président américain Barack Obama devait accueillir lundi à Washington la chancelière allemande Angela Merkel qui lui exposera son plan de paix pour l'Ukraine, dont les détails sont élaborés à Berlin par des diplomates allemands, français, ukrainiens et russes.

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Europe et Etats-Unis en désaccord sur le moyens

A la manoeuvre avec le président français dans le dossier ukrainien, Angela Merkel aura un tête à tête avec Barack Obama alors que Washington et l'Europe semblent divisés sur les moyens de résoudre le conflit armé en Ukraine, qui a fait au moins 5.400 morts en dix mois. Le temps presse car le bilan des hostilités ne cesse de s'alourdir. Selon le dernier bilan annoncé par Kiev, seize personnes - neuf soldats et sept civils - ont été tuées ces dernières 24 heures dans l'est de l'Ukraine. Si les Occidentaux et les Ukrainiens accusent unanimement Moscou d'être derrière la rébellion prorusse dans l'Est de l'Ukraine, Washington réfléchit à la possibilité de livrer des armes défensives à Kiev, option rejetée par l'Europe qui craint une guerre totale avec la Russie.

Le président français François Hollande et Angela Merkel se sont ainsi rendus à Kiev jeudi, puis vendredi à Moscou, pour y négocier leur plan de paix «de la dernière chance» avec Petro Porochenko et Vladimir Poutine. Des diplomates allemands, français, ukrainiens et russes se réuniront lundi après-midi à Berlin pour continuer à travailler sur cette initiative et préparer un éventuel sommet des quatre chefs d'Etat mercredi à Minsk. Ces consultations doivent commencer à 14h30 GMT (15h30 heure française) dans la capitale allemande, a indiqué à l'AFP le directeur politique de la diplomatie ukrainienne Olexi Makeev, un des deux émissaires ukrainiens pour cette réunion.

Tensions encore vives avec Moscou

Signe de la fragilité du dialogue entamé entre les dirigeants, le Kremlin a vivement réagi lundi aux informations de la presse américaine selon lesquelles la chancelière allemande aurait menacé le président russe de nouvelles sanctions s'il n'acceptait pas le plan de paix franco-allemand. «Personne ne peut (...) parler au président en utilisant le ton de l'ultimatum», a lancé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov à la radio «Ici Moscou».

La tenue ou non du sommet de Minsk dépendra toutefois aussi de la rencontre du Groupe trilatéral de contact attendue à Minsk mardi. Ce groupe comprend des représentants ukrainiens et russes, ainsi que ceux de l'OSCE, avec la participation de rebelles. L'Ukraine et l'OSCE insistent sur la présence des dirigeants séparatistes ayant signé en septembre les accords de paix de Minsk, mais une source russe citée par l'agence Interfax a indiqué que les séparatistes ne prévoient d'y envoyer que leurs adjoints, ce qui d'ores et déjà sème le doute sur les résultats de cette rencontre.

Où mettre la frontière?

A Berlin, les négociations de lundi se concentreront sur un éventuel cessez-le-feu dans la zone des combats, ainsi que sur la possibilité d'un retrait de l'artillerie lourde de la ligne du front, a ajouté Olexi Makeev. Le plan franco-allemand, pas dévoilé dans sa totalité, se base sur les accords de Minsk et prévoit une plus large autonomie des régions rebelles, selon une source au sein du département d'État américain. Il se fonderait sur la ligne de front actuelle et prévoit une zone démilitarisée de 50 à 70 kilomètres de large le long de cette ligne, selon les médias français. Mais les autorités ukrainiennes ont maintes fois déclaré qu'elles jugeaient inacceptable de se baser sur la ligne de front actuelle. Les séparatistes occupent en effet 500 kilomètres carrés supplémentaires par rapport à septembre, quand avaient été signés les accords de Minsk.

Plusieurs autres questions restent en suspens, notamment le «statut des territoires» occupé par les séparatistes, ainsi que le «contrôle des frontières» par lesquelles des armes et soldats russes, selon Kiev et l'Occident, pénètrent dans le Donbass ukrainien.