VIDEO. Shanghaï : La bousculade meurtrière du Nouvel An révèle les vulnérabilités cachées de la Chine

DRAME Une pluie de critique s’abat sur les autorités chinoises après la bousculade survenue sur le Bound le soir du Nouvel An et qui a fait 36 morts…

20 Minutes avec AFP
Un homme prie sur le site de la bousculade mortelle qui a fait 36 morts le soir du nouvel an à Shanghaï.
Un homme prie sur le site de la bousculade mortelle qui a fait 36 morts le soir du nouvel an à Shanghaï. — AFP

Les dizaines de morts de la bousculade du Nouvel an à Shanghai ont mis en lumière les fragilités d'une Chine en plein essor, mais dont l'administration communiste peine à s'adapter au rythme effréné des mutations de la société, estimaient vendredi les commentateurs.

Mercredi soir, quelques instants avant le passage à 2015, ce qui devait être un rassemblement joyeux et sans danger dans la capitale économique chinoise s'est transformé en un chaos meurtrier, d'où ont été retirés 36 corps sans vie.

 

 

Pire tragédie à Shanghai depuis 2010

Le mouvement de foule sur le Bund, le célèbre boulevard historique de la métropole, a fait également 49 blessés, pire tragédie à Shanghai depuis les 58 morts dans l'incendie d'un gratte-ciel en 2010.

Li Juan n'était qu'à quelques mètres de sa jeune sœur Li Na, assistante maternelle, et l'a vue mourir. «Je n'arrive pas à croire qu'elle n'est plus là», confie-t-il, en larmes, à l'AFP. «Le gouvernement est responsable de l'accident», accuse-t-il: «Il n'y avait que quelques policiers disséminés autour du Bund».

Des rares policiers démunis

Une vidéo amateur en ligne sur le portail Sina.com, montre une foule immense, non canalisée, grossir de façon démesurée sur les escaliers menant à la promenade du Bund, longue esplanade bordant le fleuve Huangpu. Dans la multitude, les rares policiers apparaissent complètement démunis, impuissants à faire reculer ceux qui poussent, tandis que des victimes ont déjà perdu connaissance.

Un haut responsable de la police de Shanghai, Cai Lixin, cité sur un site officiel, a reconnu que, faute «d'événement officiel» organisé sur place, les forces de l'ordre étaient en moins grand nombre que l'an dernier pour la fête nationale. Ce commentaire a ensuite été effacé. La police s'est défendue en assurant que 700 fonctionnaires avaient été envoyés sur place, après la tragédie.

Une gestion désastreuse de la foule?

L'an dernier, 300.000 personnes s'étaient rassemblées sur le Bund pour fêter la nouvelle année, une affluence probablement nettement dépassée cette année. «Le gouvernement municipal a été pris dans une tempête de critiques pour n'avoir pas pris les mesures préventives nécessaires», a reconnu vendredi en soirée l'agence Chine nouvelle.

Pour les Shanghaïens rencontrés sur place par l'AFP, aucun doute: les autorités sont coupables d'une gestion désastreuse de la foule, dans un pays où les seuls grands rassemblements tolérés sont le plus souvent organisés par le Parti communiste lui-même.

Un pays toujours en développement

Densité humaine et panique ont ainsi entravé l'intervention des secours, et en particulier l'arrivée des ambulances, selon les témoins. «Je crois que nous avons là une affaire majeure de négligence de la part des agences gouvernementales chargées de la sécurité», a jugé un internaute identifié sous le pseudonyme de Shenshan Laohan 96886. «Ils ont mal évalué la situation, et ils ont failli à prendre les mesures qui s'imposaient sur place.»

Dans un rare commentaire critique, Chine nouvelle a estimé que le drame était « un signal d'alarme rappelant à la deuxième économie mondiale qu'elle était toujours un pays en développement, avec une gestion fragile des affaires sociales». «Des incidents similaires avec de si lourds bilans sont rares dans les pays développés», a-t-elle ajouté.

32 victimes identifiées

Vendredi, les autorités avaient identifié 32 des 36 personnes décédées. La plus jeune était un garçon de 12 ans. Au total, 28 personnes avaient 25 ans ou moins et 21 étaient des femmes.