Ukraine: une Américaine et deux autres étrangers entrent au nouveau gouvernement
L'Ukraine s'est dotée mardi d'un nouveau gouvernement pro-occidental incluant une Américaine, un Géorgien et un Lituanien à des postes clés, censés aider le pays à sortir d'une grave crise économique et à faire face au sanglant conflit armé dans l'Est.
Ces nominations surviennent alors que, sur le terrain, des trêves ont été annoncées dans les combats entre les séparatistes prorusses et l'armée ukrainienne dans la zone de l'aéroport de Donetsk et dans la région de Lougansk, les points les plus chauds.
«Nous devons intégrer dans notre gouvernement les meilleures compétences internationales», a déclaré le président Petro Porochenko.
Natalie Jaresko, une Américaine d'origine ukrainienne ayant travaillé pour le département d'Etat américain et pour un fonds d'investissement ukrainien financé par le Congrès des Etats-Unis, se retrouve ainsi ministre des Finances.
Interrogée sur cette nomination, la porte-parole du département d'Etat à Washington a assuré que les Etats-Unis «n'avaient rien à faire du tout avec cela». «C'est le choix du peuple ukrainien et de leurs représentants élus», a affirmé Marie Harf.
Le Lituanien Aivaras Abromavicius, co-dirigeant d'un fonds d'investissement suédois, devient ministre de l'Economie, et le Géorgien Alexander Kvitachvili, ex-ministre de la Santé en Géorgie, hérite du ministère de la Santé.
Le président Porochenko a indiqué leur avoir octroyé la citoyenneté ukrainienne mardi matin, juste avant leur nomination.
La semaine dernière, le président avait déjà proposé qu'un étranger soit nommé à la tête du nouveau bureau de lutte contre la corruption, un mal endémique dans cette ex-république soviétique, en estimant qu'un étranger aurait un avantage considérable: «l'absence de liens avec l'élite politique ukrainienne».
Au cours d'un débat-marathon au Parlement, les députés ont également reconduit les ministres de la Défense Stepan Poltorak et des Affaires étrangères Pavlo Klimkine. Porochenko a salué leur rôle dans «la défense de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine», qui a perdu la Crimée annexée en mars à la Russie et combat une rébellion armée prorusse dans l'Est depuis sept mois, un conflit qui a fait plus de 4.300 morts.
Sur ce point, les ministres des Affaires étrangères de l'Otan, réunis à Bruxelles, ont vivement condamné mardi l'implication de la Russie dans le conflit ukrainien et accueilli avec circonspection l'annonce d'une trêve dans les zones tenues par les séparatistes.
«Dans tous les cessez-le-feu, c'est la mise en oeuvre qui compte», a mis en garde un responsable de l'Otan. Le chef de la diplomatie allemande Franz Walter Steinmeier avançait, lui, prudemment, dans la matinée: «Il n'est pas clair (...) si cela a de la substance».
- 'Pas beaucoup d'espoir' -
L'arrêt des affrontements à l'aéroport de Donetsk, théâtre de combats particulièrement meurtriers quasi ininterrompus depuis plusieurs mois, est entré théoriquement en vigueur à 15H00 GMT.
Un général russe et un général ukrainien ont participé aux pourparlers sur l'arrêt des combats avec les séparatistes et l'OSCE, mais Kiev n'avait pas confirmé cet accord mardi soir.
Peu après l'entrée en vigueur de la trêve, des tirs d'artillerie ont retenti dans la zone de l'aéroport, selon des journalistes de l'AFP sur place.
La Russie, accusée par Kiev et les Occidentaux d'armer la rébellion et d'avoir déployé des troupes dans l'est de l'Ukraine, dément toute implication dans le conflit, mais participe toutefois en tant que «médiateur» dans des pourparlers politiques et militaires.
Selon les experts, il est trop tôt pour fonder beaucoup d'espoir sur ces efforts pour un arrêt des combats.
«Avec le prix du pétrole en chute, la Russie pourrait être plus réticente à soutenir les régions rebelles et pourrait être poussée à chercher une solution, mais il est trop tôt pour le dire», estime Alisa Lockwood du centre IHS Country Risk de Londres.
«Je n'ai pas beaucoup d'espoir que ces accords se traduisent par de meilleurs résultats que ceux signés» le 5 septembre à Minsk, a pour sa part commenté Oleksiï Melnik du Centre Razumkov de Kiev.
Les accords de septembre conclus entre Kiev et les rebelles avec la participation de Moscou et de l'OSCE ont abouti à l'instauration d'un cessez-le-feu aujourd'hui moribond.
Plus de 1.000 personnes ont péri dans l'Est depuis leur signature et le cessez-le-feu a été violé quasiment chaque jour par les deux camps.
L'un des dirigeants séparatistes de la région de Donetsk, Andreï Pourguine, a néanmoins indiqué lundi à l'AFP que des négociations politiques allaient se poursuivre «dans le cadre des accords de Minsk».