Faire de Facebook un journal: L'ambition qui inquiète la presse
Medias L'ambition affichée de Mark Zuckerberg de faire de Facebook un «journal d'informations personnalisé» inquiète de plus en plus la presse traditionelle...
Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, l'a annoncé lors d'un forum début novembre. Son objectif actuel est de fournir grâce à Facebook «le parfait journal personnalisé pour chaque personne dans le monde».
Un journal d'informations adapté aux intérêts de chacun qui inquiète d'ores et déjà les médias traditionnels, à la peine. Et ce, alors que le réseau social représente le principal moyen de s'informer pour de nombreux utilisateurs, signe du glissement de la société dans l'ère numérique.
>> A lire ici Etats-Unis: la presse écrite en difficulté sans le soutien des empires des médias
Une info unique, adaptée, personnalisée
Et de relever que les journaux traditionnels fournissent la même information à de nombreux lecteurs, tandis que Facebook peut ciseler son fil d'actualités autour des intérêts de chaque individu, en présentant un mélange d'actualités, d'événements communautaires et de nouvelles des amis et de la famille.
Là, les décisions éditoriales ne dépendraient pas d'un journaliste mais d'un algorithme de plus en plus performant qui déterminerait les sujets susceptibles d'intéresser chaque personne et d'une façon plus efficace, ce qui inquiète la communauté journalistique. «C'est davantage que ce que n'importe quel journal est en mesure de faire», commente Alan Mutter, ex-rédacteur en chef d'un quotidien régional de Chicago, reconverti en consultant dans le domaine des médias numériques.
>> A lire également: Les réseaux sociaux ont beaucoup moins d'impact que les grands médias
Et la mission d'informer?
Mais ces algorithmes, dont le secret est jalousement gardé par Facebook ou Google, peuvent-ils remplir la mission historique du journalisme d'informer les citoyens? Voilà la question que se posent les médias traditionnels, voyant d'un mauvais d'œil l'arrivée de contenus personnalisés.
«L'information va forcément changer, au profit de contenus financés par la publicité, sponsorisés ou parrainés de manière plus ou moins transparente, lâche Alan Mutter. Ce ne serait pas forcément du vrai journalisme, mais ce serait du contenu.»
Quel modèle économique?
«La liberté de la presse a été assurée pour surveiller les gens au pouvoir et informer (...) Il y a une composante cruciale d'intérêt général, qu'un algorithme ne peut pas capter», renchérit Ken Paulson, ancien rédacteur en chef du quotidien national américain USA Today et actuel doyen de la faculté de Communication de masse de la Middle Tennessee State University.
Et de se demander comment le journalisme d'enquête, qui «doit» continuer à exister, sera financé. «Nous avons l'information que nous méritons et pour laquelle nous sommes prêts à payer», assène-t-il. Mais les «consommateurs» d'information sont-ils prêts à payer pour préserver «l'âme de la presse écrite»?
A noter que Facebook est une source d'information pour au moins 30% des Américains.