Tunisie: Cinq choses à savoir sur Béji Caïd Essebsi, le (possible) futur président
TUNISIE Les Tunisiens votent ce dimanche pour élire leur chef d'Etat. Le laïc Béji Caïd Essebsi est donné favori...
Va-t-il l’emporter? Béji Caïd Essebsi, aka BCE, pourrait bien devenir le premier président élu démocratiquement en Tunisie. Il est en tout cas le grand favori de ce scrutin qui l'oppose à 26 autres candidats, dont le président sortant, Moncef Marzouki. 20 Minutes vous brosse le portrait en cinq points de ce chef du parti laïc Nidaa Tounès, vainqueur des législatives du 26 octobre dernier.
Il a 87 ans…
Et bientôt 88 –son anniversaire est le 29 novembre. Si BCE remporte l'élection présidentielle, il sera élu pour cinq ans et aura donc 92 ans au terme de son mandat. Ses adversaires ne manquent pas de critiquer cet âge avancé. Ils se disent surtout exaspérés à l’idée qu’un nonagénaire puisse devenir le chef d’un Etat «libéré» il y a presque quatre ans maintenant par sa jeunesse, lors de la Révolution de jasmin.
Essebsi répond le plus souvent à ces attaques par l’humour. Comme le 25 novembre dernier, lorsqu’il a lancé à la foule venue le soutenir lors d’un meeting à Tunis: «Ils disent que je suis malade! Voulez-vous que j'enlève mes vêtements? Souhaitez-vous m'examiner?»
Il a travaillé pour Ben Ali…
Pendant quatre ans. Après avoir servi comme ministre sous la présidence Bourguiba, il intègre en 1987 le RCD, le parti de Ben Ali, et devient même le président du Parlement en 1990. En 1991, il décide de quitter la vie politique. Pour les jeunes, BCE est donc un quasi-inconnu lorsqu’il est nommé Premier ministre provisoire en février 2011.
Pas pour ses adversaires qui accusent BCE de vouloir reproduire l'ancien régime. Pour étayer cette théorie, ils pointent la présence de proches de l’ex-président Ben Ali au sein du parti Nidaa Tounès. «Les anciens membres du RCD restent des citoyens qui ont le droit de participer à la vie politique de notre pays. Autrement, c'est comme si on leur avait enlevé leur nationalité», leur répond BCE.
Il est avocat…
Et a été formé en France, à la faculté de droit de Paris. Pendant ses études, il passe la plupart de son temps à militer pour l’indépendance de son pays –la Tunisie est alors sous protectorat français–, un combat qu’il mène depuis l’âge de 15 ans. En 1952, il obtient finalement sa licence.
De retour en Tunisie, il intègre un prestigieux cabinet d’avocats et commence à défendre des militants tunisiens traduits devant le tribunal militaire.
Il est anti-islamiste…
Mais musulman convaincu. «Les islamistes n’ont pas le monopole de l’islam en Tunisie», aime répéter BCE. Lors de sa campagne, il a parsemé ses discours de versets du Coran tout en taclant les islamistes d’Ennahda, qui «ont ramené la Tunisie en arrière». «Ce qui nous sépare de ces gens-là, ce sont 14 siècles», a-t-il notamment déclaré.
Et pourtant, s’il est élu, BCE s’alliera peut-être avec Ennahda. Il pourrait ne pas avoir le choix: si son parti Nidaa Tounès a remporté les législatives, il lui manque 23 sièges pour décrocher la majorité absolue et donc, pour pouvoir former son gouvernement.
Il aura peu de pouvoir…
Comme le veut la nouvelle Constitution. Ce texte a été rédigé pour accorder des prérogatives limitées au président et ainsi éviter un éventuel retour à la dictature. Les pouvoirs exécutifs reviendront pour l’essentiel au Premier ministre, qui sera issu de la majorité parlementaire. Le président aura toutefois la possibilité de dissoudre le Parlement.
Les résultats devraient tomber lundi
Les Tunisiens votent ce dimanche, mais les résultats ne devraient pas tomber avant lundi au plus tôt. Ils peuvent être annoncés jusqu'au 26 novembre. Si aucun des 27 prétendants n'obtient de majorité absolue, un deuxième tour aura lieu fin décembre.