Allemagne: Les autorités s’inquiètent d’un regain de violence entre Kurdes et salafistes

MONDE De nouveaux incidents entre Kurdes et militants islamistes se sont produits dans la nuit de mercredi à jeudi à Hambourg…

R.L. avec AFP
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Des kurdes lors d'une manifestation à Hambourg (Allemagne), organisée contre le groupe Etat islamique en Syrie, le 8 octobre 2014
Des kurdes lors d'une manifestation à Hambourg (Allemagne), organisée contre le groupe Etat islamique en Syrie, le 8 octobre 2014 — Markus Scholz DPA

L'Allemagne sous tension. Une personne a été blessée, la nuit dernière, lors de nouveaux heurts entre Kurdes et militants islamistes, après une manifestation pacifique ayant rassemblé près de 1.300 personnes pour dénoncer les attaques du groupe État islamique contre des villes kurdes en Syrie, a indiqué un porte-parole de la police de Hambourg. Au total, 1.300 policiers avaient été mobilisés dans la ville portuaire du nord de l'Allemagne, où vivent environ 35.000 Kurdes.

«Importation du conflit»

«On observe l'importation en Allemagne du conflit au Moyen-Orient», a commenté pour l'AFP Bülent Ucar, spécialiste de l'islam à l'université d'Osnabrück, qui dit craindre une «montée des préjugés contre les musulmans» en réaction aux images de violences dans les rues du pays.

«Il faut empêcher que les conflits sanglants et brutaux du monde entier se répandent en Allemagne», a lancé le président du syndicat allemand des policiers, Oliver Malchow, dans un communiqué. «Nous appelons tous les groupes rivaux à ne pas mettre en danger, par des accès de violence, l'attitude positive de la population allemande face à l'accueil des réfugiés en provenance de régions en crise», a-t-il ajouté.

Inquiétude des autorités

Selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung paru jeudi, la chancelière Angela Merkel s'est inquiétée de la passivité de la Turquie face à l'organisation Etat islamique qui pourrait avoir des conséquences sur la situation sécuritaire en Allemagne. Les autorités allemandes redoutent notamment qu’une chute de la ville syrienne de Kobané conduise à de nouvelles échauffourées dans le pays, à l’instar des incidents survenus durant les deux nuits précédentes, mentionne RFI.

Du côté des institutions religieuses, le président de l'association kurde hambourgeoise Hevkar, Cafer Yildirim, a pris ses distances avec la manifestation de mardi: «Les gens qui étaient là-bas étaient des sympathisants du PKK (le parti des travailleurs du Kurdistan), nous n'avons rien à voir avec eux», a-t-il dit à l'AFP.

«Nous devons tout faire pour éviter qu'une guerre par procuration ne se déploie dans nos rues, car c'est exactement dans l'intérêt des radicaux», a déclaré au Spiegel Aiman Mazyek, président du Conseil central des musulmans, l'une des principales associations musulmanes en Allemagne.